L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a célébré hier le cinquantième anniversaire de la mort du martyr Aissat Idir, fondateur de la première organisation syndicale algérienne en présence de la famille révolutionnaire, de hauts responsables ainsi que des membres de la famille du défunt. Après la lecture de la Fatiha et le recueillement à la mémoire des du martyr Aissat Idir, le secrétaire général de l'UGTA, M. Abdelmajid Sidi Said, a rappelé les qualités du défunt qui, a-t-il dit «a contribué à la sensibilisation du peuple sur la nécessité de s'unir et de se mobiliser en organisation syndicale nationale au profit de la Révolution». M. Sidi Said a souligné à l'occasion que «l'Algérie a aujourd'hui besoin d'hommes comme Aissat Idir à même de contribuer à l'édification du pays». De son côté, le secrétaire général de l'organisation nationale des Moudjahidine (ONM), M. Said Abadou a rappelé «le rude combat du chahid Aissat Idir qui, en dépit de la conjoncture difficile, de l'emprisonnement et de la torture subie, a pu relever le défi et réussir à jumeler l'activité syndicale et le militantisme nationaliste en faveur des travailleurs algériens». Il a relevé à l'occasion le «rôle du défunt dans la mobilisation et la sensibilisation des forces populaires et laborieuses pour dévoiler la vérité du colonisateur et ses manœuvres et crimes perpétrés au su et au vu des organisations syndicales étrangères notamment françaises qui prétendaient défendre les droits de l'Homme». «Nous somme appelés à tirer des leçons de l'Histoire pour résoudre les problèmes d'aujourd'hui en vue d'édifier un pays fort et développé», a-t-il insisté ajoutant que cet événement constituait «une occasion pour affirmer la volonté de poursuivre cette voie». Né d'une famille de paysans le 7 juin 1919 à Djemaâ Saharidj (Tizi Ouzou), Aissat Idir entame son parcours éducatif à l'école coranique du village avant de rejoindre l'Ecole normale d'Alger. Il abandonne ses études pour manque de moyens financiers, c'est alors qu'il rejoint son oncle en Tunisie où il entreprend en 1935 des études universitaires en sciences économiques avant de rentrer au pays en 1938. **************** Les premières tendances syndicales ***************** En 1939, Issat Idir réussit dans un concours de recrutement et rejoint les Ateliers industriels de l'Air (AIA) de l'aéroport d'Alger où il a exercé comme comptable avant d'être promu chef de service à l'administration. Après l'aéroport d'Alger, il part à la Caisse sociale du bâtiment (CACOBAT) où il cultive ses premières tendances syndicales et son engagement pour les droits des travailleurs algériens, c'est alors qu'il est élu membre du comité exécutif des travailleurs affiliés au syndicat français. En 1943, il intègre les rangs des militants nationalistes algériens qui activent dans la clandestinité et rejoint, l'année suivante, le Parti du peuple algérien (PPA). Son militantisme et son éveil révolutionnaire lui permettent d'être membre du comité exécutif du PPA et de la rédaction du journal «La Nation algérienne» et de devenir, ensuite, un des premiers rédacteurs du journal «l'Algérie libre» rédigeant, sous le pseudonymes de Ali Tamgout et Mohamed Amokrane, des articles favorables à la cause nationale. En 1949, Issat Idir parvient à réaliser un rêve de longue date, «créer un syndicat algérien», c'est ainsi qu'il réussit à imposer une proposition personnelle pour la mise en place d'une Commission ouvrière et une Centrale syndicale activant sous la bannière du Mouvement du triomphe et des libertés démocratiques (MTLD) qu'il présidera de 1949 à 1954. La réponse des autorités coloniales a été l'arrestation de Issat Idir et de centaines de syndicalistes. En mai 1956, le militant est incarcéré et subit les affres de la torture des mains du Colonel Godard et des parachutistes pour les chefs d'accusation d'atteinte à la sécurité de l'Etat français. Le fondateur du syndicalisme algérien succombe aux supplices de la torture le 26 juillet 1959 à l'hôpital militaire Maillot à Alger, alors que les conditions de sa mort demeurent «sombres» à nos jours. La perte de Issat Idir lui a valu reconnaissance et respect d'innombrables organisations internationales dont l'ONU, le Bureau international du travail (BIT) ou encore la Confédération internationale des syndicats autonomes et la Fédération syndicale internationale.