Le président égyptien destitué Mohamed Morsi a appelé depuis le box des accusés ses partisans à poursuivre la «révolution», alors que la mobilisation en faveur de son retour s'affaiblit face à une répression brutale. «La révolution du peuple ne s'arrêtera pas, continuez votre révolution pacifique», a lancé M. Morsi, qui comparaissait samedi pour des évasions de prison et des attaques de commissariats lors de la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir en 2011. Les Frères musulmans, confrérie dont M. Morsi est issu, manifestent presque chaque jour, et surtout le vendredi, depuis la destitution et l'arrestation du président islamiste par l'armée en juillet, mais la mobilisation faiblit face à une campagne de répression qui a fait plus de 1.400 morts. Affirmant qu'il était encore le président de l'Egypte, M. Morsi a lancé, «Je suis ici par la force», avant d'entamer une diatribe contre le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, ministre de la Défense et nouvel homme fort du pays. «Le chef du coup (d'Etat, ndlr), le ministre de la Défense, a tué plus de 3.000 personnes dans les rues. C'est lui qui les a tués, et aucune enquête n'a été menée, mais il sera tenu pour responsable», a lancé M. Morsi derrière la vitre du box des accusés. Ses avocats ont poursuivi cette ligne de défense, demandant à ce que le maréchal Sissi, dont la candidature à l'élection présidentielle est attendue, soit mis en examen pour avoir «renversé le régime» de M. Morsi et pour l'avoir emprisonné. L'audience a été ajournée au 24 février dans cette affaire, l'une des quatre procédures judiciaires visant le président déchu. Il s'agissait de la deuxième audience dans ce procès, où M. Morsi est jugé aux côtés de 130 autres accusés, dont des activistes palestiniens et libanais. Les accusés présents ont scandé «Fin aux militaires» en levant quatre doigts en l'air, signe de ralliement des pro-Morsi. M. Morsi, premier président élu démocratiquement d'Egypte, a été évincé par l'armée le 3 juillet 2013, à la suite de manifestations monstres réclamant son départ. Depuis, ses partisans et les Frères musulmans font l'objet d'une violente répression et sont accusés d'être responsables des violences ayant marqué le soulèvement populaire contre Hosni Moubarak en 2011. Près de 850 personnes ont été tuées durant les 18 jours du soulèvement, nombre d'entre elles devant des commissariats attaqués par les manifestants qui conspuaient la police, considérée comme le symbole du règne autocratique de Moubarak.