La salle du Centre culturel et d'information du Polisario et de la RASD à Alger semble exiguë et pas en mesure d'accueillir le nombre grandissant des journalistes lors de la rencontre organisée par l'ambassade de la République arabe sahraouie démocratique autour de la conférence animée par Me Souilah Boudjemaa, docteur en droit et professeur universitaire ex-sénateur et président de la commission des relations internationales. Le thème de cette conférence porte sur «les dernières évolutions dans les relations franco-marocaines». Le pourquoi du choix de la conjoncture actuelle et ces «bougeottes»? Est-ce vraiment gênant pour le Maroc ce qui se fait maintenant ? Pourquoi le Maroc offre les ressources minières et halieutiques presque gratuitement à certains pays européens et au Japon? Que doit faire le Maroc pour plaire à la France afin qu'elle continue d'user de son droit de veto au Conseil de sécurité pour lui faire bénéficier d'un nouveau sursis? A toutes ces questions, le conférencier développera une analyse avec des réponses et des déductions au lieu de projections. Il commencera par fustiger certains pays européens au sujet des exploitations des ressources halieutiques et minières du Sahara Occidental à leur profit, sachant pertinemment que ce ne sont pas les biens du Maroc et que ce sont des territoires colonisés. Il ajoutera que leur soutien au Maroc est «mercantile» et n'est point une question de principe. Il restera donc mercantiliste. Faudrait-il alors demander aux citoyens européens et japonais de ne pas consommer les produits «volés» au peuple sahraoui? Quant à la première question, pourquoi cet instant précisément? La réponse est simple, répondra Me Souilah. Christopher Ross est déjà dans la région, il a été reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères. M. Ross effectue une tournée dans la région pour préparer une rencontre entre le Front Polisario et le Maroc en vue de relancer les négociations pour la décolonisation du Sahara Occidental. L'envoyé onusien avait effectué une tournée dans la région durant les deux dernières semaines du mois de janvier 2014. Ses compte-rendus sont défavorables au royaume chérifien et le mettent en cause en déterminant sa responsabilité dans l'irrespect des droits de l'Homme. Ross, dira-t-il, agit dans le cadre d'une mission qui en fait ne fait que durer à cause des tractations du makhzen marocain. Bien que la question du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui soit inscrite depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara Occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc avec le soutien de la France. Il reviendra pour expliquer que toutes les agitations actuelles ne sont que des mises en scène. Il se demande alors pourquoi la France et le Maroc ont gelé le traité consistant à échanger les prisonniers ? Il répondra à cette question en affirmant que ces derniers temps la France a dénoncé les exactions et tortures affligées aux prisonniers. C'est avec l'échange de prisonniers que les témoignages accablant le régime chérifien ont été mis à jour. Certes, dira-t-il, le chef des services secrets est incommodé par la justice française mais le Maroc n'aura pas peur des déclarations des prisonniers torturés. En contrepartie c'est le Maroc qui agira en sous-traitant au Mali avec les groupes terroristes et dans certains pays africains.