La Malaisie a lancé dimanche un appel à l'aide internationale pour tenter de retrouver le Boeing 777 de la Malaysia Airlines mystérieusement disparu depuis plus d'une semaine et a indiqué n'exclure aucun mobile pour son changement de cap impromptu. La police malaisienne a indiqué enquêter sur les antécédents des 239 personnes qui avaient embarqué dans le vol MH370 et se pencher plus particulièrement sur la personnalité et les orientations politiques et religieuses de l'équipage de l'appareil. Des policiers ont effectué des perquisitions aux domiciles du pilote et du copilote de l'avion, disparu le 8 mars à 01h22 du matin au large de la côte est de Malaisie, moins d'une heure après son décollage de Kuala Lumpur. «Certains pays n'ont pas encore répondu à nos demandes de renseignements», a en revanche déclaré dimanche le chef de la police, Khalid Abu Bakar. Le Premier ministre Najib Razak a confirmé samedi qu'une personne à bord avait éteint les systèmes de communication du Boeing 777-200ER et lui avait fait prendre la direction de l'ouest, alors que sa destination était Pékin. Le système de communication ACARS, qui permet l'échange d'informations entre l'avion et le sol sous forme numérique codée par liaison radio ou satellite, a été désactivé avant le dernier contact radio entre les pilotes et les contrôleurs aériens, a précisé dimanche le ministre des Transports. Hishammudin Hussein a ajouté au cours d'une conférence de presse que la Malaisie avait sollicité l'aide de 25 pays, dont les Etats-Unis, la Chine et la France, auxquels elle a notamment demandé des données satellites supplémentaires. Les données satellites connues suggèrent que l'appareil a pu emprunter deux couloirs: l'un s'étendant du nord de la Thaïlande à la frontière du Kazakhstan et du Turkménistan, l'autre de l'Indonésie au sud de l'océan Indien. Elles indiquent également que la dernière communication entre l'avion disparu et les satellites a eu lieu à 08h11 du matin heure malaisienne, soit près de sept heures après qu'il eut fait demi-tour et traversé la péninsule malaisienne. Mais les données ne montrent pas si l'avion volait encore ni sa localisation à ce moment-là, ce qui laisse une vaste liste de possibilités. Sept heures de vols supplémentaires ont sans doute mené l'avion à la limite de ses réserves en carburant. Le Boeing 777-200ER peut parcourir jusqu'à 14 305 km. Il n'est en outre pas impossible que l'avion ait été au sol lorsqu'il a émis certains signaux satellites, a déclaré dimanche le chef de l'aviation civile malaisienne. Dans les milieux spécialisés, on juge plus plausible que l'avion ait pris la direction du sud, le couloir nord étant beaucoup plus chargé et surveillé, avant d'épuiser ses réserves de carburant et de s'abîmer en mer. Le sud de l'océan Indien est l'une des régions au monde les plus isolées et l'une des mers les plus profondes du globe, ce qui devrait compliquer la recherche de débris, voire des enregistreurs de vol à même d'expliquer ce qui reste pour l'heure un mystère total. L'Inde, qui effectuait des recherches au-dessus des îles Adaman-et-Nicobar et plus à l'ouest dans le golfe du Bengale, a suspendu ses recherches à la demande de Kuala Lumpur. Le domicile du copilote, Fariq Abdul Hamid, 27 ans, a été perquisitionné samedi soir. Celui du pilote, Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, l'avait été quelques heures plus tôt. Les deux hommes n'avaient pas demandé à voler ensemble, a précisé dimanche le ministre des Transports. Zaharie Ahmad Shah, un pilote expérimenté, est présenté par ses collègues comme un passionné de pilotage qui s'était construit chez lui un simulateur de vol grandeur nature. «Ses jeux de simulation ont été minutieusement examinés», a déclaré un enquêteur, ajoutant qu'ils avaient toute l'apparence de jeux normaux dans lesquels les joueurs s'entraînent à piloter et atterrir dans différentes circonstances. Des messages postés sur Facebook indiquent que le pilote était un opposant actif à la coalition qui dirige la Malaisie depuis 57 ans. La veille de la disparition, l'opposant Anwar Ibrahim a été condamné à cinq ans de prison pour sodomie, un jugement politique aux yeux de ses partisans et des organisations de défense des droits de l'Homme. La compagnie Malaysia Airlines, de même que les collègues de Zaharie Shah, ne croient cependant pas à un sabotage de la part du pilote. «S'il vous plaît, laissons-les d'abord trouver l'avion. Zaharie n'est pas suicidaire, il n'est pas un exalté politique comme le disent certains médias étrangers», déclare un pilote de Malaysia Airlines. «Est-ce qu'on n'a pas le droit d'avoir une opinion politique?» Quant au copilote Fariq, sa famille et ses amis le décrivent comme un homme pieux et sérieux professionnellement, rejetant certains articles le décrivant comme un Dom Juan des cockpits.