L'ancien président de la République sollicité depuis plusieurs mois pour intervenir vient de le faire à travers un communiqué fortement commenté par les citoyens, et les différents observateurs politiques. Par cette sortie médiatique, Zeroual a replacé dans leurs réels contextes certaines préoccupations majeures que se pose la population à la veille d'une décisive échéance électorale. Zeroual à propos de l'élection proprement dite déclare que «l'élection présidentielle a toujours constitué un moment fort dans la vie de la nation et un événement majeur pour le devenir national. C'est là un insigne honneur pour le prétendant à la magistrature suprême, mais également une lourde et délicate charge, autant morale que physique. Une charge qui, pour être honorablement assumée, exige d'être entourée d'un certain nombre de conditions dont essentiellement celle qu'édicte formellement la Constitution d'une part et celle qu'impose l'éthique des règles protocolaires liées à l'exercice de la fonction, d'autre part». Pour l'ancien président, «une aussi importante échéance électorale, mérite bien de retenir l'attention de tous les acteurs de la vie nationale et ne saurait être grossièrement éludé au profit de certaines approches dont les intentions cachées ne servent pas nécessairement les intérêts vitaux de l'Algérie». Poursuivant son analyse judicieuse il dit qu'«il faut se garder de croire que la grandeur du dessein national peut relever de la seule volonté d'un homme serait-il providentiel ou de l'unique force d'un parti politique serait-il majoritaire». A propos de la maladie du président Bouteflika, la critique est acerbe et sans aucune équivoque que Zeroual appelle l'ancienne génération à passer le témoin, affirmant qu'en effet «Ce mandat-transition constituera la première étape sérieuse d'un saut qualitatif vers un renouveau algérien, plus conforme aux aspirations légitimes des générations postindépendance, et en harmonie avec les grandes mutations que connaît le monde. Il est temps d'offrir à l'Algérie la République qu'elle est en droit d'exiger de son peuple et de son élite éclairée». Visiblement contrarié par la révision de la Constitution algérienne en 2008, notamment l'amendement de son article 74, relatif à la limitation des mandats présidentiels à deux, Zeroual pense que «cela a profondément altéré le saut qualitatif qu'exigeait l'alternance au pouvoir et a privé le processus de redressement national de conquérir de nouveaux acquis sur le chemin de la démocratie. Il est éminemment important de rappeler que l'alternance au pouvoir a pour vocation de consolider la solidarité intergénérationnelle, de conforter la cohésion nationale et d'instituer les bases structurantes d'une stabilité durable. L'histoire des grandes démocraties dans le monde nous enseigne qu'un Etat fort est toujours consubstantiel de contre-pouvoirs tout autant forts». A propos de la neutralité de l'administration, de la déliquescence de l'Etat, Zeroual notera dans son communiqué que «Cette même histoire nous enseigne également que le principe de transparence dans l'administration des affaires publiques, dans la gestion des ressources du pays et dans l'exercice des libertés individuelles/collectives constitue un puissant gage de bonne gouvernance et permet de lutter efficacement contre toutes les formes d'abus et de corruption, sous l'autorité irréfragable de la primauté du droit et de l'équité de la justice». Quant aux attaques verbales contre l'institution militaire, l'ancien chef de l'Etat algérien, c'est sans ambages qu'il affirma que «la cohésion interne de l'armée est essentielle : Malheureusement et tout récemment, l'institution militaire s'est vue exposer à une regrettable diatribe dont la finalité n'est autre que celle de fragiliser de nouveau l'appareil national de défense et sécurité nationales et d'ouvrir ainsi la porte aux multiples dangers qui guettent l'Algérie... ». «C'est à l'aune d'une aussi importante consultation électorale, et des conditions objectives de transparence et de liberté qui doivent entourer son déroulement, que s'apprécie le degré d'enracinement social de l'Etat et que s'acquiert le respect mérité dans le concert des nations», conclut Zeroual