Le film documentaire «Ad Yidir mmi-s umazigh» (Le fils de l'Amazigh vivra) sur le parcours du militant de la culture amazighe, Mohamed Idir Ait Amrane, et son militantisme pour l'indépendance nationale, réalisé par Si El Hachemi Assad, le secrétaire général du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), sera projeté, ce lundi, au Centre des Loisirs Scientifiques (CLS) de Tizi-Ouzou (ancien marché de gros). Programmé dans le cadre des festivités commémoratives du 34e anniversaire du Printemps berbère, ce documentaire, d'une durée de 52 minutes, retrace, selon Si El Hachemi Assad, le réalisateur, le parcours de l'homme sur la base, précise-t-il, de documents d'archives, ainsi que sur le témoignage de ses proches, de ses compagnons de lutte, et des personnes qui ont travaillé sur son oeuvre et se sont penchées sur son itinéraire, tels Sadek Hadjerès, Saïd Chibane, Malha Ben Brahem et Mohamed Harbi. Ce film documentaire, dont l'avant-première a été projetée à Alger le 31 octobre dernier, a-t-il poursuivi, se propose de retracer la vie de cet homme exceptionnel, depuis sa naissance, en 1924, au village Tikidount, dans la commune de Ouacifs, au sud est de Tizi Ouzou, et où il passé une partie de son enfance, son inscription à l'école du village de Bouabderrahmane en 1930, jusqu'à son exil dès l'âge de dix ans lorsqu'il quitte sa Kabylie natale pour s'installer dans la ville de Sougueur (Tiaret) où il poursuit sa scolarité. Les différentes étapes de sa vie, a poursuivi M Assad, montrent l'exemple d'un homme qui s'est totalement consacré à sa famille et s'est investi corps et âme au service de la lutte de libération nationale, depuis sa jeunesse, ainsi qu'à la défense de l'Amazighité. Un homme, a-t-il dit, de savoir et de culture, qui a forgé sa personnalité dans son milieu naturel et a enrichi son horizon au contact de la culture universelle, un homme de son temps, attaché à sa tradition, et ouvert sur le monde, tout en étant jaloux de sa culture et de son identité Amazighe. Ces témoignages, a ajouté M. Assad, apportent un éclairage sur le parcours militant exceptionnel de Mohamed Idir Aït-Amrane, comme ils offrent une opportunité d'affirmer la paternité du chant qu'il a écrit et composé en février 1945, «Ekker Ammis Umazigh» (Réveille-toi, fils d'Amazigh), après, rappelle-t-il, « l'ambiguïté longtemps entretenue sur la propriété intellectuelle de cette oeuvre », devenue un chant patriotique pour l'indépendance nationale. Mohamed Idir Aït-Amrane a vécu dix années aux Ouacifs avant de suivre son père, contraint de s'installer à Sougueur (Tiaret). Ses études le mèneront successivement au collège de Mascara, au lycée Bugeaud à Alger (actuel Emir Abdelkeder) où il y restât jusqu'au débarquement allié en 1942 avant de rejoindre Miliana, où il adhéra au Mouvement des scouts algériens pour finir, en 1945, au lycée de Ben Aknoun où il rencontrera un groupe de jeunes étudiants originaires de Kabylie avec qui il formera "Le groupe de Ben Aknoun », dont Hocine Aït Ahmed, Omar Oussedik, Sadek Hadjerès, Ali Yahia Rachid et bien d'autres. C'est à cette époque qu'il découvre les écrits des historiens réformistes tels que Tewfik el Madani et Embarek el Mili. Il se découvre alors le goût et le talent d'écrivain et se consacre à la production d'un florilège de textes engagés pour la cause amazighe, dont «Ekker Ammis Umazigh» (Réveille-toi, fils d'Amazigh), composé en 1945 et perpétuellement repris en choeur par tous les militants défendant les mêmes principes identitaires. Arrêté en 1954, il sera emprisonné jusqu'à l'Indépendance où il occupera plusieurs postes de responsabilité, dont celui de député à la première Assemblée de l'Algérie indépendante, wali d'El Asnam (Chlef), directeur de l'éducation à Tiaret puis à Chlef, avant d'être nommé en 1995 à la tête du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA). Mohamed Idir Ait Amrane décéda au mois d'octobre 2004, à la veille de la célébration du cinquantenaire du déclenchement de la guerre d'indépendance.