Apparemment, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, semble vivre dans un monde onirique au point de se confondre avec les sultans ottomans de jadis. Des millions de Turcs, Arabes et Musulmans ont vu en Erdogan un héros libérateur après son show devant Shimon Peres à Davos en 2009.. En réalité, c'était du cinéma. Comme le montre sa nouvelle expédition militaire contre la Syrie et sa volonté de mettre en scène un faux attentat, tout cela au service de ses maîtres de Washington. Dans ce sens, «un corps expéditionnaire djihadiste formé dans le Sud de la Turquie progresse vers la ville côtière de Lattaquié au Nord-ouest de la Syrie. Majoritairement composée de combattants européens, asiatiques, maghrébins, turcs, d'Arabes du Machrek et du Golfe et de quelques Syriens égarés dont des Turkmènes, cette légion étrangère représente l'ultime cheval de bataille du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dans sa guerre par procuration contre la Syrie», nous dit Bahar Kimyongür, l'écrivain et journaliste belge, d'origine turque. Après la révolte de millions de Turcs contre sa politique répressive et belliqueuse, après les révélations sur son implication dans un vaste réseau maffieux, et surtout après trois ans d'échecs sur le front syrien, Erdogan semble vouloir miser le tout pour le tout. N'avait-il pas promis à ses fidèles de prier dans la mosquée des Omeyyades une fois le gouvernement syrien renversé ? Cela dit, en matière de conspiration et de plan terroristes, le Premier ministre turc semble bien parti. Selon le même auteur : «Des enregistrements fuités par les hommes de la Confrérie de Fethullah Gülen, nouveau frère ennemi d'Erdogan, établissent la responsabilité flagrante du régime d'Ankara dans la guerre et le terrorisme en Syrie. Ces «AKP-Leaks» impliquent directement le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu, le directeur des services secrets de la MIT Hakan Fidan, le conseiller du ministère des Affaires étrangères Feridun Sinirlioglu et le chef-adjoint de l'état-major turc Yasar Güler.» «L'une de ces conversations compromettantes porte sur l'enclave turque en territoire syrien, appelée Suleyman Shah, où se trouve le mausolée éponyme du grand-père du fondateur de l'Empire ottoman Osman 1er (près de Membij et de l'Euphrate, au nord du lac Assad, au nord-est d'Alep). Les quatre conspirateurs invoquent la menace que fait peser le réseau terroriste Daech (EIIL) sur l'enclave comme prétexte à un assaut contre la Syrie. Le chef adjoint de l'état-major Yasar Güler évoque l'option de l'armement de 1.000 djihadistes pour mener une opération en territoire syrien.» Dans un autre enregistrement, le même Yasar Güler martèle : «Nous avons besoin d'un casus belli.» Mais le directeur du renseignement Hakan Fidan s'inquiète du risque de représailles, avouant que la frontière turco-syrienne échappe à tout contrôle. Cela ne l'empêche pas de proposer une opération sous fausse bannière en territoire syrien : «S'il le faut, je peux envoyer quatre hommes en Syrie. Ces hommes pourraient lancer huit missiles en direction d'un terrain vague en territoire turc. J'aurais ainsi suscité un casus belli. Nous pourrions même attaquer le mausolée de Suleyman Shah.» L'assaut des djihadistes contre le village arménien de Kassab dans le nord de la Syrie à partir du territoire turc n'est donc pas tombé pas du ciel. (A suivre)