Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé hier à Alger dans le cadre d'une visite de travail de deux jours. Il a été accueilli à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene par le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah. Le ministre français- dont la visite précède celle qu'effectuera au début du mois prochain son collègue Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères- devait être reçu par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et par le président Abdelaziz Bouteflika. Dès son arrivée, des entretiens ont eu lieu au siège du ministère de la Défense nationale en présence de hauts cadres des deux parties. Ils ont permis, selon l'APS qui se réfère à un communiqué du ministère, d'«examiner les relations de coopération militaire bilatérale et explorer les voies et moyens susceptibles de la consolider et la diversifier en ce qui sert au mieux les intérêts réciproques». Toujours d'après l'APS, ces entretiens ont également porté sur un «échange d'approches et de points de vue au sujet des préoccupations sécuritaires qui caractérisent la scène internationale, plus particulièrement dans la sous-région du Sahel, en vue d'éclaircir et rapprocher les visions en perspectives d'une meilleure coordination des efforts pour asseoir des solutions fiables et durables au contexte sécuritaire prévalant dans cette sous-région». Pour le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, la visite du ministre français de la Défense représente «un moment fort dans les consultations et la coopération militaires entre les deux pays et permettra de leur donner de nouvelles impulsions». Il est évident que la situation au Sahel et plus précisément au nord du Mali, a pris l'essentiel du temps qui est consacré aux discussions qu'a eues le ministre français avec ses interlocuteurs à Alger. L'intervention militaire française au nord du Mali sous le nom d'opération Serval, déclenchée il y a seize mois, n'a visiblement pas permis d'éliminer totalement la sérieuse menace que font peser les groupes terroristes qui sévissent dans cette région. Les observateurs constatent que l'Etat malien n'a jamais repris véritablement le contrôle de Kidal et de sa région, située à 1 500 km au nord-est de la capitale Bamako. Les violences sont telles que, samedi, le Premier ministre et plusieurs ministres maliens, en visite dans le Nord du pays, ont été reçus sous des balles et tirs à l'arme lourde de groupes armés. Le même jour, à Kidal, une trentaine de personnes ont été tuées dans des combats entre soldats maliens et des groupes armés. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a haussé le ton en excluant toute impunité pour les auteurs de ces «crimes odieux». Les observateurs font ressortir le fait que la France a besoin de l'aide de l'Algérie dans ce contexte dominé par la détérioration de la situation sécuritaire au nord du Mali, qui se trouve proche de l'état de guerre. La solution à ce problème est liée à la réalisation de la réconciliation entre les protagonistes maliens, eux-mêmes. L'Algérie agit dans ce sens. Les responsables maliens ne manquent pas de saluer les efforts que déploie l'Algérie en vue de cet objectif qui est le garant du retour définitif de la paix et la stabilité au Mali. La situation dans ce pays a été, rappelons-le, au centre d'une réunion de haut niveau des ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel (Algérie, Mali, Tchad, Burkina Faso et le Niger), dimanche à Bamako. Cette réunion a fait suite à la rencontre des pays du Sahel tenue en avril dernier à Alger.