Une année et demie après l'intervention militaire française au Nord du Mali pour chasser les groupes terroristes, l'ombre de la guerre et le spectre de la partition plane de nouveau sur cette région. Notamment sur Kidal, fief du Mouvement national de libération de l'Azawad et lieu symbolique de la crise nord-malienne. Son instigateur : le MNLA qui n'a pu réintégrer son fief qu'à la faveur de l'intervention militaire internationale lancée par l'ex-puissance coloniale. Depuis samedi dernier, des Maliens manifestent à Bamako et à Gao. Leurs slogans ? « A bas la Minusma, à bas la France », « Vive le Mali ». Inquiets, certains rappellent qu'en 2012, c'est ce mouvement qui avait lancé l'offensive à partir du nord du Mali, avant d'être débordé par des groupes terroristes djihadistes, entraînant l'opération française Serval. Bamako est en colère. Elle déclare, après la visite, samedi dernier, du Premier ministre, Moussa Mara, qui a tourné au bain de sang (36 morts, dont 8 militaires et six « officiels », deux préfets et six sous-préfets de la région, 87 blessés et 30 prisonniers de guerre, selon le MNLA), la « guerre aux terroristes ». « Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali. Quand quelqu'un attaque la République, c'est un terroriste, quelles que soient son origine, son appartenance à un territoire », a déclaré le Premier ministre malien, Moussa Mara, annonçant l'arrivée des renforts militaires, entre autres d'Anefis et de Gao, pour reprendre, sous le commandement du chef d'état-major général des armées, le général Mahamane Touré, le contrôle de Kidal et donner « une réponse appropriée » et « définitive » à ces agresseurs. « Les forces armées sont en train de se préparer à toutes les éventualités », dit-il. Qui a déclenché les hostilités ? Le Premier ministre est formel : « Ce sont les groupes armés soutenus par un important renfort de djihadistes qui ont été les premiers à ouvrir le feu. L'armée malienne n'a fait que riposter ». Le MNLA nie toute responsabilité. Donnant à la visite du Premier ministre une connotation politique, il pointe du doigt l'armée. Pour ce mouvement, l'armée malienne et cette visite sont à l'origine de cette violation du cessez-le-feu. Vendredi, des manifestants pro-MNLA, des femmes et des enfants en majorité, ont envahi la piste de l'aéroport de Kidal pour protester contre la visite du Premier ministre. Mais pour signifier la souveraineté des autorités sur la totalité du territoire national, il a maintenu son programme. Il a pu atterrir à bord d'un hélicoptère de la Minusma samedi à la mi-journée. Curieusement, les Casques bleus de la Minusma et les soldats français ne se sont pas interposés dans les combats. Quid du processus de négociations engagé ? « Toutes les mesures conséquentes seront prises pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens à Kidal, consolider la souveraineté de l'Etat et protéger le processus de dialogue politique », a déclaré le ministre malien de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga. Ramtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères, appelle les pays du Sahel à travailler avec « persévérance » pour réunir les conditions de la tenue d'un dialogue inter-malien « inclusif » le plus tôt possible pour la reconstruction de ce pays et assurer la stabilité et la paix dans la région. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest s'est dite préoccupée par « la détérioration grave de la situation politico-sécuritaire » au Mali. Paris et Washington réclament « la libération immédiate » et « sans conditions » des otages.