Les derniers développements, ou plutôt les troubles qui continuent d'agiter la région du Sahel avec comme point d'orgue la dégradation de la situation au Mali, ont sans doute été au menu des entretiens entre Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense, chef d'état-major de l'ANP, et son homologue français Jean Yves Le Drian. Alors qu'elle entre dans le cadre d'une visite officielle, la venue du ministre français de la Défense intervient dans un contexte où la crise persistant dans la région du Sahel s'aggrave. Ceci, compte tenu, d'une part, de la multitude d'activistes terroristes empestant le Mali et d'autre part du climat de déchéance caractérisant la situation en Libye où le spectre d'une guerre civile prend une dimension d'une réalité inévitable. Lors des entretiens qui se sont déroulés hier au siège du ministère de la Défense nationale à Alger, Gaïd Salah et son hôte Jean Yves Le Drian ont eu à examiner «les relations de coopération militaire bilatérale et explorer les voies et moyens susceptibles de la consolider et la diversifier en ce qui sert au mieux les intérêts réciproques», indique-t-on dans un communiqué rendu public par le ministère algérien de la Défense. Le document repris par l'APS informe en outre «de l'échange d'approches et des points de vue au sujet des préoccupations sécuritaires qui caractérisent la scène internationale, plus particulièrement dans la sous-région du Sahel». Ceci, en vue d'éclaircir et de rapprocher les visions en perspective d'une meilleure coordination des efforts pour asseoir des solutions fiables et durables au contexte sécuritaire prévalant dans cette sous-région. L'on retient, dès lors, que la coopération sécuritaire entre Alger et Paris aura à se focaliser dans les prochains jours à la normalisation de la situation dans le Sahel, la Libye et le Mali plus particulièrement. L'évolution de la situation dans ces deux pays intéresse au plus haut point les politiques de l'Hexagone ainsi que les stratèges militaires en poste à Paris. La France qui a été parmi les pays ayant contribué militairement à la chute du régime de Mouaâmar Kadhafi ne peut aujourd'hui se prévaloir d'une totale indifférence vis-à-vis de la situation qui prévaut dans ce pays, constituant une menace qui n'est pas des moindres pour tout l'espace nord-africain. L'armée algérienne a eu à intercepter, à maintes reprises, des groupes souvent lourdement armés qui tentaient de franchir la frontière pour accéder au territoire national. D'un itinéraire de 1000 km, la frontière algéro-libyenne est désormais fermée sur une décision validée à Alger il y a 48 heures. Ce qui est à même de certifier du caractère incontrôlé de la crise libyenne où des milices armées jusqu'aux dents se livrent à une guerre sans merci ayant pour finalité le contrôle des richesses de ce pays. Une guerre dont les conséquences vont au delà des frontières de la Libye, à telle enseigne que l'équation libyenne se décrit comme une véritable problématique régionale et internationale nécessitant une résolution dans l'immédiat. La solution en question pourra-t-elle émerger de cette révision de la coopération sécuritaire algéro-française ayant été au menu des discussions entre Gaïd Salah et son homologue français ? C'est là une éventualité fort probable tout comme il est attendu d'ailleurs que la coordination entre Alger et Paris dans le domaine sécuritaire pourrait aussi se traduire par une réponse des plus sagaces pour trouver une solution définitive à la crise malienne. Les efforts de l'Algérie, consentis en la matière, ne sont plus à démontrer. La France, pour sa part, maintient à ce jour ses troupes militaires dans plusieurs villes du nord malien et notamment à Tombouctou, Tassalith, Gao ainsi que dans la capitale Bamako. C'est dire l'intérêt accordé aussi bien par Alger que Paris pour la sécurisation du Mali. Se dirige-t-on dès lors vers une action commune pour consacrer cet objectif ?