L'écrivain bilingue, Rachid Boudjedra a précisé, samedi après-midi, à Alger, lors de la présentation de son nouveau roman «Printemps» paru aux éditions Barzakh que son ouvrage marque un parallèle entre la guerre et la sexualité. Il précisera qu'il est centré sur le personnage de Teldj, âgée de 30 ans et ancienne championne du 400 mètres haies, elle enseigne la littérature érotique arabe à l'université d'Alger et ne cache pas son attirance pour les femmes. Elle s'éprend passionnément d'une jeune Espagnole venue chercher du travail à Alger. Traumatisée, très jeune, par l'assassinat de sa mère par les islamistes, Teldj est fascinée par l'histoire du monde arabe sombrant dans un chaos qui la renvoie à son désarroi intime. L'écrivain a indiqué avoir écrit ce roman car il a eu envie de l'écrire. «J'ai voulu raconter cette histoire et démonter la réalité de l'homosexualité en Algérie parce qu'en fait, j'ai de l'affection pour les marginaux, qui souffrent et qui sont mal vus par les sociétés. En fait, j'aime cette minorité de marginaux qui se cache », a-t-il souligné, dans ce sens. Il a, en outre, précisé que ce roman est, aussi l'histoire du destin et décrit les conséquences du «Printemps arabe», les révolutions et leurs désastres sur le monde arabe. Il ajoutera que le roman décrit, aussi une époque allant de 1914 jusqu'au 2014, évoquant la guerre de l'Europe, notamment la guerre entre la France et l'Allemagne. «Toute ma vie, je me suis intéressé à l'histoire et au malheur des hommes», a-t-il ajouté. Revenant au printemps arabe, Boudjedra a affiché son désarroi face à ces révolutions sombres qui ont touché la Tunisie et l'Egypte. «J'ai été déçu par ce printemps arabe... Je dirai qu'il existe des forces obscures et prédatrices qui induisent les guerres et j'en ai ras-le bol de ces hommes politiques qui continuent à nous berner», et d'ajouter : « Jai horreur du mensonge. Ces printemps arabes nous pénalisent et nous sommes tous victimes de la falsification de l'histoire... ». Comme il notera : «Le roman est inspiré, aussi par les émeutes d'octobre 1988, ces manifestations qui ont embrasé plusieurs villes d'Algérie... En tout cas, je suis fasciné par le monde et par ses peines». L'écrivain et le poète bilingue, Rachid Boudjedra a indiqué au cours de cette rencontre, qu'il a utilisé un style poétique et rugueux dans son écriture. «Ce style ma interpelé pour décrire la complexité des événements et de la vie», a-t-il révélé. Revenant à la question de la sexualité et l'homosexualité qui est évoqué dans ce roman, l'écrivain a précisé que ce dernier est basé sur des faits réels car j'ai rencontré cette jeune femme qui m'a confié son homosexualité. Je n'ai jamais inventé des choses quand j'écris mes romans, a tenu à préciser encore l'auteur de «La répudiation». Et d'ajouter : «Pour moi, la sexualité est une guerre, une violence entre deux corps et en même temps une tendresse». Le conférencier a tenu à préciser encore que l'homosexualité existe en Algérie, mais elle est cachée. «Le corps a été toujours interdit en Algérie et dans le monde arabe et l'homosexualité féminine est toujours cachée par rapport à l'homosexualité masculine. Pour ce qui est de sa carrière littéraire, Boudjedra a précisé qu'il traduit toujours ses romans en deux langues (arabe et français), soulignant qu'il maîtrise 8 langues dont l'espagnol, le russe et l'italien. « Je n'ai pas traduit tous mes romans, mais j'ai traduit la moitié de mes oeuvres», fera t-il encore remarquer. Et d'ajouter : «quand j'écris un roman en arabe, je pense en arabe et j'en fais de même pour le français... le roman est, en fait un chantier qu'il faut bien construire (rires)». Il a tout de même affirmé qu'il a beaucoup appris du Coran et «ça m'a aidé dans l'écriture», dira encore Boudjedra.