La déroute de l'armée malienne vaincue par les rebelles touaregs du MNLA à Kidal a contraint le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à annuler sa visite au Mali prévue pour célébrer le succès de l'opération française Serval. L'AQMI est toujours présente au sud de la frontière algérienne alors que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) reste implanté dans la région de Gao. Selon le maître de conférence Francis Simonis, François Hollande aurait « abdiqué tout pouvoir devant les militaires et les services spéciaux qui règnent désormais en maîtres au Sahel ». Ceux-ci, après avoir marginalisé l'armée malienne dans le cadre de la reprise de Kidal en 2013, n'ont pas donné aux Maliens les moyens d'en garder le contrôle après leur retrait. Et pour quelle raison ? Selon divers analystes, la défaite malienne est susceptible de renforcer l'hypothèse d'un maintien militaire de 1 000 soldats français au Mali malgré le retrait militaire officiel, tandis que la France devrait se réconcilier avec le président tchadien, frustré d'avoir vu ses protégés évincés de la Centrafrique, pour baser à N'djamena une brigade d'intervention mobile de 3 000 hommes capable de couvrir l'ensemble du Sahel, entre autres contre Boko Haram. Sur le front libyen, des unités de l'aviation libyenne loyales au général à la retraite Khalifa Haftar (qui avait trahi Kadhafi en 2011) ont bombardé vendredi dernier des positions de groupes djihadistes dans la région de Benghazi, notamment le QG de la milice islamiste de Rafallah Al-Sahati dont il s'est emparé et celui de la « Bri-gade du 17-Février ». Haftar qui avait, par le passé, menacé de renverser le gouvernement de Tripoli a décidé de pallier l'inertie de celui-ci pour mettre fin à l'anarchie à l'est de la Libye. Les djihadistes de l'Est ont pendant six mois occupé en toute impunité les trois ports pétroliers du pays. En marge du sommet des Amis de la Syrie à Londres, le secrétaire d'Etat John Kerry s'est engagé à aider la Libye, qui selon lui avec six millions d'habitants devrait être aussi facile à gouverner que son Etat, le Massachussetts, une phrase que le Dailymail classe déjà au nombre de ses nombreuses gaffes diploma-tiques... Ni l'ex-Premier ministre libyen Abdallah Al-Theni, chargé le 8 avril par le Parlement de former un nouveau gouvernement, qui a démissionné juste après parce que sa famille a été attaquée par des groupes armés, ni son prédécesseur Ali Zeidan qui en mars avait lui aussi subi des violences, ne seront sans doute de l'avis de Kerry. Le 4 mai, l'expert américain sur les questions du terrorisme, M. Daveed Gartenstein-Ross, également analyste au Think Tank américain pour les questions de sécurité « The Foundation for Defence of Democracies », avait relevé devant le Congrès l'impact de la situation en Libye sur la sécurité en Algérie et dans la région, affirmant que l'intervention de l'OTAN a été « une erreur stratégique » des Etats-Unis et de leurs alliés, du fait qu'elle a transformé le pays en base de terroristes islamistes.