Sur la polémique qui tourne autour l'exploitation du gaz de schiste ces derniers jours, le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, a appelé mercredi à Alger à un débat calme et serein sur la problématique, estimant que les inquiétudes exprimées sur cette question controversée sont prématurées puisque l'Algérie n'est qu'à la phase de prospection de ses hydrocarbures non-conventionnels. «J'appelle à un débat calme et serein car nous ne sommes qu'à la phase d'exploration en vue de développer quelques forages (...) Nous ne sommes qu'à l'étape préliminaire, les procédures d'exploration n'ont pas encore débuté et les travaux d'exploitation n'auront lieu qu'à long terme», a expliqué Necib dans une déclaration de presse. Le ministre a révélé à ce titre qu'une commission interministérielle réunissant les ministères de l'Energie et des Ressources en eau a été créée et a traité tous les aspects liés à la prospection et plus tard à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. «Le travail mené depuis deux ans par cette commission a été élaboré en toute transparence», a affirmé le ministre à ce propos. Il a été convenu que les forages de gaz de schiste soient implantés loin des zones d'habitation et des zones d'activité agricole ou industrielle pour qu'il n'y ait aucune interférence ou impact sur ces dernières. M. Necib a enchaîné que les zones schisteuses se situent entre 3 000 et 4 000 mètres de profondeur bien au dessous des grandes nappes du complexe terminal et de l'albien, qui, elles se trouvent entre 400 et 2 500 mètres de profondeur. Ces nappes, a expliqué le ministre, sont protégées par des couches géologiques imperméables. En outre, a-t- il précisé, la réglementation en matière de forages surtout pétroliers impose la double cimentation du forage à la traversée des zones aquifères, rendant ainsi étanche tout contact entre les hydrocarbures et la nappe. Pour ce qui est des nappes phréatiques peu profondes, le même procédé sera appliqué en renforçant la cimentation du tubage de surface. Necib a encore expliqué que l'eau qui sera utilisée fera l'objet d'une attention particulière : elle sera tout d'abord recyclée puis nettoyée de tous les additifs qui lui seraient ajoutés lors de la fracturation hydraulique. Quant aux volumes d'eau qui seront utilisés, ils sont estimés entre 15 000 et 20 000 m3 d'eau par forage, selon le ministre. «Si nous prenons l'hypothèse que lors de la phase d'exploitation, nous pouvons réaliser 100 forages de 4 000 mètres de profondeur répartis sur les sept bassins sédimentaires identifiés et qui couvrent une superficie de plus d'un million de km2, les besoins en eau seraient de 2 millions de m3 avec un taux de recylage de 80%», a indiqué le ministre. Les besoins en eau pour l'exploitation du schiste, sont finalement insignifiants comparés aux volumes de la nappe phréatique du Sahara de 45 000 milliards de m3, a-t-il relevé. Necib a insisté sur la nécessité de se préparer dès maintenant à l'exploitation du schiste pour maîtriser dans le futur les technologies d'extraction qui évoluent rapidement. Rappelant les instructions du président de la République de veiller à la préservation des ressources hydriques dans la prospection et plus tard dans l'exploitation des hydrocarbures schisteux, Necib s'est dit convaincu que chaque membre du gouvernement et chaque responsable s'attellera à les respecter et à les appliquer sur le terrain.