Le vieux bâti à Alger pose la problématique d'une gestion rationnelle dans un cadre de restructuration urbaine planifiée, entrant dans une logique d'exploitation économique de ce que sera la future capitale. Le vieux bâti est synonyme du vieil Alger. Décrépit, délabré complètement en certains endroits, usé par le temps et le manque d'entretien, secoué par trois tremblements de terre majeurs en l'espace de trente ans, voilà que les immeubles et les maisons se fissurent, puis s'effondrent sans prévenir. Dans ces mêmes colonnes, nous avons traité du problème des balcons qui tuent représentant une menace permanente pour les piétons. Lundi, c'est une bâtisse complète qui s'est écroulée rue Ibn Nafis, à Meissonnier, dans la commune de Sidi M'hamed tuant, selon nos informations, une vieille dame âgée de 78 ans après son transfert à l'hôpital Mustapha. La dame grièvement blessée est restée de long moments sous les décombres du magasin appartenant à une ancienne entreprise qui vendait des produits textiles. L'intervention tardive des éléments de la Protection civile pour sortir la malheureuse victime des gravats ne l'a pas empêchée de passer de vie à trépas. Il y a de cela moins de deux années, un jeune est mort à la suite de la chute d'un pan d'un balcon au 8e groupe toujours dans la même commune. Une école s'est effondrée il y a de cela un peu plus d'une année, rue Belouizdad, s'il n'y a pas eu de victimes, cela était dû au fait qu'à 7h du matin l'établissement était dépourvu d'élèves. Non loin de cette école, à quelques mètres, une petite villa s'est effondrée. Une vieille dame a trouvée la mort. A la fin de l'année 2013, rue Belhafaf, à moins de 50 mètres du siège de l'APC de Sidi M'hamed, une partie d'un balcon du premier étage, dominant l'entrée d'un café maure s'est éboulé sans faire de victimes par chance. Des pans de balcon tombent périodiquement au niveau des groupes sans que l'OPGI ne bronche en dépit d'une lettre adressée au DG de cette entreprise. Le drame de la rue Didouche Mourad n'est pas si loin. Avant-hier à 21h30, rue Ali Mellah, la façade et une bonne partie des chambres d'une maison s'est affaissée comme un château de cartes. Selon les témoignages recueillis sur place auprès des locataires, il n'y a qu'un blessé. Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd, si les locataires n'avaient eu le réflexe d'évacuer les lieux à la suite d'une secousse et du bruit sourd qui a suivi les premières chutes du mur et du plafond. Parmi les locataires, certains ont été psychologiquement fortement choqués, mais ce qui le plus offensant, est que ce drame était prévisible même pour les profanes. L'irresponsabilité comme diplôme de gestion En effet, la vieille bâtisse n'était plus soutenue par l'ancien immeuble qui est tombé en ruine, et dont les gravats ont été évacués en même temps qu'un restaurant détruit lui aussi qui était implanté en cet endroit ; il s'est trouvé que le terrain a été cédé pour la construction d'un hôtel doté d'un sous-sol, d'un rez-de-chaussée et de 5 étages. Il apparaît clairement que ce sont les travaux d'excavation de la terre sur une profondeur de plusieurs mètres qui seraient à l'origine de l'effondrement de la vieille bâtisse, la pente du relief aurait précipité la catastrophe. Le maître de l'ouvrage disposerait du permis de construire n°315/2013 normalement acquis auprès de l'APC et des services de contrôle du CTC d'Alger-Centre. De se poser alors la question sur la légèreté des études des services techniques qui n'auraient pas pris le soin de demander à l'entrepreneur d'édifier un mur de soutènement pour éviter qu'un glissement de terrain ne mette en danger la vie d'autrui. Les directions techniques ont à leur actif un autre incident, celui de l'éboulement de l'école rue Belouizdad ainsi que de la villa rue Nacéra Nounou. La question de la responsabilité civile de ces bourdes devient récurrentes et les récupération politiques de mise dans une APC en proie à pas mal de prédateurs qui n'ont pas hésité à faire endosser au maire Zenasni l'entière responsabilité de ce nouveau drame, sans perte humaine fort heureusement. Car il convient de signaler que les accusateurs du maire, qui ont fait appel aux médias pour couvrir l'évènement afin de le mouiller pleinement en tant que premier responsable, ont en tant que dirigeants directs une implication dans les coups fourrés ayant précédé cette navrante affaire qui n'est que l'arbre qui cache la forêt, tant les irrégularités sont légion dans cette direction technique. Un plan Orsec a néanmoins été déclenché par les services compétents de l'APC sur instruction du nouveau wali délégué, croit-on savoir. Signalons que la commune de Sidi M'hamed à l'instar des communes limitrophes compte 36 immeubles et bâtisses classées rouge, représentant des risques réels pour leurs résidants. Tous les immeubles de la commune sont de vieux bâtiments qui auraient dû être détruits depuis fort longtemps. Les enveloppes de replâtrage et de consolidation des façades et des cages d'escalier, autrement, pour refaire l'étanchéité une fois tous les vingt ans et encore seraient les bienvenues pour limiter les dégâts, mais est-ce la bonne solution ? Assurément que le problème de réhabilitation des vieilles bâtisses n'est qu'un colmatage, une espèce de fuite en avant. Comme le dit si bien le vieil adage : «A force de rapiécer sans cesse un pantalon usé, acheter un neuf reviendrait beaucoup moins cher.»