Oran continue de perdre une à une ses anciennes bâtisses à un rythme inquiétant et le spectre des victimes plane au dessus des vieilles bâtisses, dans les vieux quartiers de la ville. Il ne se passe un jour sans qu'on entende parler d'un effondrement ou d'un effondrement partiel. La majorité des quartiers d'El Bahia est menacée par le risque des effondrements. Durant les cinq dernières années, quelque 1.208 effondrements et effondrements partiels et 646 risques d'effondrements ont été enregistrés à Oran. Le pic a été atteint en 2007 où 313 effondrements et effondrements partiels et 120 risques d'effondrements ont été enregistrés. Cette année était dramatique, puisque, le 26 novembre 2007, une vieille dame âgée de 62 ans avait trouvé la mort dans un effondrement à Terrain Gazelle dans le lieu connu par les oranais sous le nom de Kouchet EL Djir. Sa fille âgée de 18 ans, au moment du sinistre, a été sauvée in extremis de la mort après l'intervention des voisins. Deux jours après, le 28 novembre 2007, une vieille bâtisse située au 26, rue Izidi Miloud (ex-rue de Castille) au quartier El Hamri s'est effondrée provoquant le décès de trois membres d'une même famille. La mère âgée de 64 ans et ses deux filles âgées respectivement de 44 et 27 ans ont été tuées en plein sommeil après l'éboulement de deux dalles de leur habitation. Ce sinistre a eu lieu à 4h00 du matin au quatrième jour de pluies quasi ininterrompues à Oran. Le drame avait provoqué, rappelle-t-on, des émeutes au quartier d'El Hamri. En 2008, 301 effondrements et 143 risques d'effondrements ont été recensés. Bilan, trois morts et une vingtaine de blessés. Le 6 août 2008, un enfant de 11 ans est mort, lorsqu'un pan du plafond lui est tombé sur le corps, notamment sur la tête, alors qu'il était endormi dans la maison de sa tante au niveau du lieu dit «Terrain Chabat» dans le quartier des Planteurs. Quatre mois plus tard et plus exactement le 28 novembre 2008, une jeune femme âgée de 25 ans et son enfant âgé à peine de trois ans sont décédés, ensevelis sous les décombres de leur habitation érigée dans le bidonville «El Oued» à Hai Bouâmama (ex-El Hassi). L'année écoulée, pas moins de 203 effondrements et 145 risques d'effondrements ont été signalés. Plusieurs mesures ont été entreprises par les services concernés pour faire face à ces drames à répétition. Ainsi et en 2008, plus de 800 familles occupant 101 immeubles menaçant ruine ont été relogées. En 2009, environ 200 familles sinistrées ont été relogées et quelques 220 familles durant cette année. Dans le même contexte et dans le but de préserver les anciennes bâtisses d'Oran plusieurs opérations de réhabilitation et de restauration ont été prévues. Des travaux pour la réhabilitation de 200 immeubles sont engagés par l'OPGI et pour lesquels le ministère avait déjà débloqué une enveloppe financière de 70 milliards de centimes. Regroupant 1.417 habitants, cette première opération touchera 120 bâtisses au centre-ville. Une autre opération de réhabilitation touchera 400 autres immeubles à travers la wilaya d'Oran, pour une enveloppe budgétaire estimée à 140 milliards de centimes. D'autre part, une opération de réhabilitation des anciennes bâtisses du vieux quartier d'El Hamri, dans la ville d'Oran, sera lancée au cours du deuxième trimestre 2010, par l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI). L'OPGI entamera cette opération, qui a nécessité une enveloppe d'un milliard de DA, après l'achèvement de l'expertise concernant 2.114 habitations de ce quartier, dirigée par le contrôle technique de la construction (CTC). Une opération similaire touchera aussi le quartier de Sidi El Houari. En outre, deux cents immeubles vétustes recensés par les 12 secteurs urbains de la commune d'Oran ont été retenus récemment pour classement. Certains de ces logements peuvent faire l'objet d'une rénovation et d'autres seront évacués et leurs occupants relogés. Le nombre prévisionnel de logements devant être expertisé au niveau des communes d'Oran, d'Arzew et de Mers El Kebir, dans le cadre du vieux bâti, est estimé à près de 54.000 unités dont 24.000 ont été diagnostiqués, rappelle-t-on. Nombreuses sont les opérations de restauration et de relogement envisagées par les pouvoirs publics, cependant la problématique du vieux bâti à Oran a encore de «beaux» jours devant elle.