La Syrie a évacué de son territoire la totalité du stock d'agents toxiques qu'elle avait déclaré, ont annoncé lundi la dirigeante de l'équipe internationale d'experts chargée de l'élimination de l'arsenal chimique syrien, Sigrid Kaag, et le directeur général de l'OIAC. Les pays occidentaux jugent toutefois prématuré d'affirmer que toutes les armes de destruction massive ont bien été éliminées du territoire syrien. «Une étapemajeure a été atteinte aujourd'hui dans cette mission. Les derniers composants chimiques identifiés qui devaient quitter la Syrie ont été embarqués cet aprèsmidi à bord du navire danois Ark Futura», a déclaré Ahmet Üzümcü, directeur général de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques), lors d'une conférence de presse à La Haye. «Toutes les armes chimiques déclarées ont quitté la Syriemais nous, secrétariat de l'OIAC, nous ne pouvons pas dire une fois pour toutes que la Syrie ne possède plus d'armes chimiques», a-til poursuivi. «Nous espérons pouvoir clarifier prochainement certains aspects de la déclaration syrienne et commencer la destruction de certaines structures qui étaient utilisées pour produire ces armes», a ajouté AhmetÜzümcü. «Aujourd'hui, lamission conjointe confirme l'évacuation à 100% du stock d'armes chimiques déclaré par la Syrie», a dit pour sa part àNicosie Sigrid Kaag, qui dirige l'équipe d'experts des Nations unies et de l'OIAC. «C'est une journée cruciale.Une date importante pour le programme d'élimination des armes chimiques syriennes», a-telle souligné en disant s'attendre à ce que le processus de démolition de 12 sites de production et de tunnels liés au programme chimique syrien débute dans les trois mois. Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Baghdad, il reste cependant «des questions sérieuses qui doivent être examinées et qui le seront». «Nous sommes toujours très préoccupés par les informations sur l'usage systématique de gaz chloré dans les zones tenues par l'opposition», at- il dit. L'enquête conjointe de l'ONU et de l'OIACsur l'utilisation présumée de gaz chloré pourrait prendre encore un peu de temps. «Il est clair que nous souhaitons la conclure aussi rapidement que possible», a déclaré lundi Ahmet Üzümcü. Sceptique, le chef de la diplomatie britannique William Hague a jugé qu'en raison des leçons du passé il ne fallait pas prendre pour argent comptant les assurances données par le gouvernement deDamas. «C'est pourquoi nous soutenons les efforts de l'OIAC pour que la Syrie ne nous cache rien», a-t-il souligné. L'ambassadeur de Syrie aux Nations unies a informé le secrétaire généralBanKi-moon du départ de la dernière cargaison d'agents chimiques. «Le gouvernement syrien respecte ainsi ses engagements et remplit ses obligations», a dit àReutersBacharDjaafari. A Damas, un responsable duministère syrien des Affaires étrangères a tenu les mêmes propos et a exhorté Israël à signer la Convention sur les armes chimiques. La Syrie a accepté en septembre dernier que la totalité de ses armes chimiques soient éliminées, aux termes d'un accord négocié avec les Etats- Unis et la Russie peu de temps après la mort de centaines de personnes dans une attaque au gaz sarin dans la plaine de la Ghouta, à la périphérie deDamas. Cet accord, en vertu duquel les agents toxiques syriens devaient être chargés sur deux navires - le cargo danoisArk Futura et le norvégien Taico - puis éliminés à bord d'un navire spécialisé de la marine américaine, a évité au régime syrien des frappes militaires américaines destinées à neutraliser son potentiel chimique. Washington et ses alliés européens ont imputé l'attaque chimique de la Ghouta au régime syrien tandis qu'Assad en a tenu les insurgés responsables. Les 100 dernières tonnes d'agents chimiques, qui représentent 8% des 1 300 tonnes déclarées à l'OIAC, étaient entreposées sur un site de stockage que le régime de Bachar al Assad avait déclaré par le passé inaccessible en raison des combats contre les insurgés. La situation s'étant améliorée sur le terrain pour le régime, les conteneurs d'agents toxiques ont pu être transportés par camion jusqu'au port de Lattaquié, sur la côte méditerranéenne.