Un agenda chargé pour Ouyahia. Dès le début juin, il a entamé des consultations non-stop sur le projet de révision de la Constitution. En tout, 150 partenaires défileront dans le bureau de l'ancien chef de gouvernement pour une large concertation nationale. Il s'agit plus précisément de 36 personnalités nationales, 64 partis agréés, du président du groupe des sénateurs du tiers présidentiel au Conseil de la nation, du président du groupe des députés indépendants à l'Assemblée populaire nationale, de 10 organisations nationales, de 27 associations nationales représentant les droits de l'Homme, les magistrats, les avocats, les journalistes, le secteur économique, la jeunesse et les étudiants et 12 professeurs d'université sollicités pour leurs compétences. Les hôtes d'Ouyahia représentent toute la composante de la société algérienne. Si le plus gros de la composante est réservé aux partis politiques, les autres franges de la société ne sont pas oubliées pour autant. On remarque bien que sur la liste des invités, une large partie concerne les personnalités nationales. Elles sont sollicitées pour leur expérience et leur savoir-faire. On note également un très large éventail d'associations ainsi que d'organisations conviées à cette concertation. Des associations patronales et professionnelles dont celles des droits de l'Homme, des magistrats, des journalistes et de la jeunesse, sans oublier la matière grise, l'élite du pays conviée à travers des universitaires. Le but recherché à travers ces organisations est évidemment de restituer toutes les aspirations de la société. Une sorte de consensus national puisque ces organisations, dans leur majorité, ne sont pas nécessairement acquises aux thèses du pouvoir. Les invitations sont accompagnées de propositions dégagées par un comité d'experts ainsi que d'une note explicative de la démarche. Cette note souligne notamment, que les propositions adressées sont à titre indicatif seulement, le chantier de révision constitutionnelle ne faisant l'objet d'aucune limite préalable, hormis celles relatives aux constantes nationales ainsi qu'aux valeurs et principes de notre société. Le consensus est possible À la fin de chemin, on peut dire que le consensus est possible, selon Ouyahia, puisque toutes les revendications de l'opposition sont contenues dans le présent projet élaboré par le Président, à savoir indépendance de la justice et démocratie. En fait, selon le directeur de cabinet, «il est possible d'aller vers un consensus. Les défis vitaux aujourd'hui, ce n'est pas d'arriver au pouvoir, mais d'assurer l'avenir des peuples. Le défi, ce n'est pas de savoir qui gère le pays dans un monde où il n'y a pas de respect de la notion de souveraineté ou de continuité des peuples». Et de conclure : «Ni le pouvoir, ni la majorité, ni l'opposition n'ont un pays de rechange. Nous sommes tous sur le même bateau». Selon Ouyahia, l'objectif de cette révision est «de renforcer la séparation des pouvoirs et le rôle du Parlement, d'offrir une place à l'opposition, de consolider les droits et les libertés des citoyens, et de promouvoir la démocratie». Des aspirations que partagent, le pouvoir, les acteurs de la scène nationale et même l'opposition. Cette Constitution voulue consensuelle, d'où les invitations adressées à l'ensemble des acteurs politiques, à des personnalités, et compétences nationales, vise ainsi à renforcer le front intérieur. Du reste, affirme Ouyahia, «les portes de la Présidence restent ouvertes» pour ce qui est des sujets de divergence entre la Présidence et les boycotteurs.