La tension était vive vendredi 4 juillet à Jérusalem durant les funérailles du jeune Palestinien Mohammed Abou Khoudaïr, 16 ans, tué dans la nuit de mardi à mercredi 2 juillet, probablement en représailles à l'assassinat de trois étudiants israéliens enlevés le 12 juin en Cisjordanie. Des milliers de personnes ont accompagné la dépouille, dans une marée de drapeaux palestiniens, à son domicile de Chouafat avant de se rendre au cimetière. L'adolescent avait été enlevé mardi soir à Chouafat, un quartier résidentiel de Jérusalem-Est. Son cadavre — entièrement brûlé, selon l'avocat de la famille — avait été retrouvé quelques heures plus tard près d'une forêt dans la partie ouest de la ville. Des témoins ont affirmé qu'il avait été emmené de force dans une voiture par «deux Israéliens» tandis qu'un troisième était au volant. Pour la famille Abou Khoudaïr comme pour de nombreux Palestiniens, il a été victime d'une «vendetta» de la part d'extrémistes juifs. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a dénoncé «un meurtre répugnant». Les Etats-Unis et plusieurs pays occidentaux ont condamné ces meurtres, mettant en garde les deux camps contre des actes de vengeance risquant d'aggraver une situation déjà explosive. L'esplanade des mosquées sous haute surveillence La police israélienne, qui a mobilisé «des milliers d'agents à Jérusalem-Est pour y maintenir la sécurité», selon un communiqué, s'attend à des incidents après les funérailles. Des heurts sporadiques ont déjà éclaté dans plusieurs quartiers de Jérusalem-Est à la mi-journée. De violents affrontements y avaient opposé ces dernières quarante-huit heures des Palestiniens lançant des pierres et des cocktails Molotov aux policiers qui ripostaient avec des tirs de balles caoutchoutées, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Ces scènes d'émeutes, réminiscences des intifadas (soulèvements) palestiniennes, ont fait des dizaines de blessés. Un clip posté sur Youtube par la chaîne de télévision Palestine Today a montré un manifestant violemment tabassé apparemment par des gardes-frontières israéliens et des policiers en civil à Chouafat. L'enterrement du jeune Palestinien coïncidait avec le premier vendredi du Ramadan qui attire habituellement des dizaines milliers de musulmans sur l'esplanade des mosquées, lieu saint de l'islam, dans la vieille ville de Jérusalem. Toutefois, la foule était beaucoup moins nombreuse que les années passées, estimée à quelque 8 000 croyants seulement, selon une porte-parole de la police. Tard jeudi soir, craignant des désordres, la police avait en effet décidé de limiter l'accès à l'esplanade aux fidèles âgés de plus de 50 ans et aux femmes. Tentative de désescala de à Ghaza La situation était aussi tendue à la frontière entre Israël et la bande de Ghaza. Quatre nouvelles roquettes et deux obus de mortier ont été tirés de Ghaza vendredi matin vers Israël. Une roquette a été interceptée par le système de défense antimissile Iron Dome. L'aviation israélienne, contrairement aux jours précédents, n'a pas mené de frappes sur Ghaza à la suite de ces tirs. La veille, 34 roquettes s'étaient en effet abattues sur le sud d'Israël, selon l'armée. Quatre d'entre elles avaient endommagé des infrastructures et des bâtiments civils. Parallèlement, l'armée israélienne a décidé de dépêcher des renforts limités de réservistes aux abords de la bande de Ghaza afin de faire passer «un message de désescalade» au mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza. Les médias évoquaient vendredi l'annonce d'une trêve sous les auspices de l'Egypte dans les prochaines heures entre le Hamas et Israël. Un responsable du Hamas a confirmé, sous couvert de l'anonymat, que Le Caire était engagé dans une médiation «pour faire revenir le calme dans la bande de Ghaza».