Au lendemain du rassemblement organisé par les non-jeûneurs sur la place de l'Olivier à Tizi Ouzou, les jeûneurs ont riposté en organisant, au même endroit, une rupture de jeûne collective. Ils étaient un peu plus d'une centaine de personnes, ensemble pour défendre l'image de la Kabylie, laquelle, selon eux, n'est pas représentée par les actions des non-jeûneurs. Lors de la prière de vendredi dernier, les fidèles se sont donné le mot de riposter à l'action des non-jeûneurs. Pour eux, cette initiative est question de «laver l'affront après ce qui s'est produit jeudi sur cette même placette». A l'heure de la rupture du jeûne, les jeûneurs ont accompli collectivement la prière du maghreb et partagé des dattes et du lait, devant les caméras et les appareils photos des journalistes. Jeudi dernier, des dizaines de personnes, dont la plupart des militants du MAK, avaient organisé un rassemblement-déjeuner pour exiger «le respect de la liberté de conscience et le droit à ne pas jeûner». Mercredi, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, avait déclaré que «le jeûne est de droit privé». Contrairement à l'année dernière, le rassemblement des non-jeûneurs n'a pas suscité la même réaction chez le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs. A la différence de son prédécesseur, Bouabdellah Ghlamallah, qui avait qualifié le déjeuner public de 2013 de véritable provocation, Mohamed Aïssa a joué l'apaisement. «Nous n'allons pas solliciter de fatwa ni les forces de l'ordre pour les arrêter», a déclaré le ministre, invité mardi soir du forum du quotidien Liberté, en qualifiant cependant cette action «d'outrage». «Les initiateurs doivent tenir compte de la portée nationale de leur geste et des intérêts de l'Algérie. Le jeûne est d'ordre privé et tellement privé qu'il ne doit se manifester en société», a ajouté le ministre. Sur les réseaux sociaux, les avis divergent entre ceux qui sont totalement contre ce qu'ils appellent une «mascarade contre la Kabylie», ces internautes disent que c'est un acte perfide aux yeux de la Grande-Kabylie, de mauvaise fois de la part de ces personnes qui se donnent en « spectacle », qu'il faut absolument cesser. «Ils ne représentent pas la Kabylie», a protesté Kahir, un internaute algérien. D'autres ne sont ni pour ni contre, «il faut les laisser tranquille, chacun est responsable de ses actes, personne n'a le droit d'obliger quelqu'un à manger ou à jeûner», a témoigné Ryma, une internaute sur la toile. «Ils ont le droit de ne pas jeûner, c'est le dernier de nos soucis, mais pourquoi se mettre en spectacle ?» s'est interrogé Sarah.