La double embuscade terroriste visant mercredi, en pleine zone militaire fermée de Chaâmbi à Kasserine (centre-ouest, à proximité de la frontière avec l'Algérie), deux patrouilles militaires tunisiennes faisant, selon un bilan provisoire, 14 morts et 23 blessés, a rappelé aux Algériens la menace sérieuse qui existe à leur frontière avec la Tunisie. Le nombre de criminels qui ont participé à ces attaques (40 à 50 éléments), leurs nationalités (tunisienne et algérienne) et l'armement utilisé (lance-roquettes RPG), d'après les informations données par le ministre tunisien de la Défense, Ghazi Jéribi, indique le niveau élevé de cette menace. La double attaque a eu lieu un an après celle qui a été perpétrée, sur le même lieu, au cours du mois de Ramadhan, en juillet 2013, et qui avait fait neuf morts parmi les soldats. Le plus grave est le soutien que n'hésitent pas à afficher les islamistes tunisiens aux groupes terroristes qui ont commis ce crime. Alors que le président de la République tunisienne Moncef Marzouki annonçait, jeudi, un deuil national de trois jours suite au décès des 14 soldats de l'armée, des salafistes ont fêté dans les mosquées et les rues et cités de plusieurs villes, y compris à Kasserine, l'attaque terroriste. Le ministre tunisien de la Défense a sans doute raison d'insister sur le caractère régional du danger terroriste, citant notre pays, l'Egypte et le Maroc comme autres cibles, même si la motivation interne reste très forte, comme l'a laissé entendre le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Jedou, qui a estimé que «l'attaque terroriste de ce mercredi avait pour objectif de reporter les élections et faire échouer le processus transitionnel en Tunisie». Il en donne pour preuve les 6 attentats aux explosifs visant des établissements vitaux de l'Etat et les assassinats politiques, planifiés par les terroristes pour les 19 premiers jours du mois de Ramadhan, qui ont été empêchés par les forces de sécurité. Notre pays, déjà mobilisé face à l'insécurité dans la région du Sahel, aux frontières sud de l'Algérie, sait qu'il doit affronter la menace qui couve sur son autre frontière, au nord-est.