Se pourrait-il qu'un pays puisse être une grande puissance diplomatique s'il n'est pas une grande puissance militaire ou économique et la même question se pose pour le monde arabe en tant qu'il se voudrait une «entité». Y a-t-il un seul pays au monde dont la diplomatie serait fortement influente s'il ne dispose pas de moyens de dissuasion ? La dissuasion pourrait être multiple. On peut être fort de son armée, de son économie ou de son appartenance à un ensemble régional soudé, qui fonctionne comme une entité aux composantes solidaires. Lorsqu'on voit l'hyper-puissance américaine conférer une finalité politique à l'expression de sa puissance militaire, que les pays européens sont fort de leur appartenance à l'alliance, la question se poserait alors pour les pays arabes de savoir de quels moyens ils disposeraient pour tirer des dividendes plus particulièrement sur le plan politique en imposant leur vision. De quelle puissance disposeraient les pays arabes tous ensemble pour pouvoir peser sur les relations internationales et leur faudrait-il collectivement adapter la nature et le niveau de l'action diplomatique ou de la rhétorique à la capacité réelle à s'imposer par l'usage des moyens de force, de ses moyens financiers ou pétroliers? Y a-t-il une volonté collective à être ensemble, à agir ensemble, à devenir autonomes ensemble ? Les limites des moyens de dissuasion définissent une politique étrangère et de défense. Du fait de l'absence de solidarité, sauf sur le plan des émotions, les pays arabes ne peuvent plus constituer une menace que la communauté internationale prendrait au sérieux, alors que par contre, ce sont les Israéliens qui la considéreraient comme ultra- sérieuse afin de mobiliser le monde (occidental surtout) en leur faveur. Il arrive parfois, que du côté arabe, soit haussé le ton, adopté un verbe agressif, un verbe de dissuasion, un verbe destiné à faire croire (consommation interne) que toutes les contradictions intra et inter-arabes sont résolues. Les pays arabes cherchent surtout à se prémunir contre toute menace sur le plan des relations internationales, et plus particulièrement par rapport à Israël. N'est-ce pas que cela est vrai pour l'Egypte et ensuite pour la Jordanie ? N'est-ce pas que cela est vrai pour le Maroc qui reçoit les officiels israéliens sans échange d'ambassadeurs ? Et la Tunisie ? Et la Mauritanie ? Et le Qatar qui possède sur son sol une représentation commerciale israélienne ? N'est-ce pas vrai pour l'Arabie Saoudite dont tout le monde connaît son alignement sur les Etats-Unis ? Pourquoi alors vouloir à tout prix aligner tous les pouvoirs arabes sur une même position alors que certains d'entre eux regardent d'abord ailleurs ?