Privé de ballon pour quatre mois, l'Uruguayen Luis Suarez est resté cinq heures devant le Tribunal arbitral du sport de Lausanne vendredi pour plaider sa cause et obtenir une réduction de sa suspension pour morsure après son coup de folie au Mondial brésilien. Transféré depuis des Reds de Liverpool aux Blaugranas du FC Barcelone, l'attaquant de la Celeste n'a pas pu reprendre l'entraînement avec ses nouveaux partenaires. La faute à la Fédération internationale (Fifa), qui l'a suspendu pour neuf matchs en sélection nationale, mais surtout pour quatre mois de toute activité liée au football ! Une sanction «très sévère», avait estimé le président de la Fifa lui-même, Joseph Blatter, s'exprimant «en tant que footballeur», tout en insistant sur l'indépendance de la commission de discipline de la Fédération. Les trois juges du TAS, deux Suisses et un Italien, devant lesquels Suarez s'est défendu vendredi, seront-ils du même avis ? Le Néo-Catalan le saura vite. Le tribunal rendra sa décision «le plus tôt possible, probablement avant la fin de la semaine prochaine», soit avant le 17 août, a ainsi assuré cette instance vendredi après avoir entendu le joueur uruguayen et ses avocats. Dans un communiqué, la FIFPro, le syndicat international des joueurs, a en tout cas appelé le TAS à revenir sur cette sanction «disproportionnée» de la Fifa, et notamment sur cette suspension de quatre mois, «qui viole son droit de travailler au niveau de son club». «Serial mordeur» coupable d'avoir mordu le défenseur italien Giorgio Chiellini à l'épaule lors du match de poule entre leurs deux équipes, à Natal, Suarez a donc tenté devant les trois arbitres du TAS de faire oublier sa triste réputation de «serial mordeur». Le travail a dû être difficile : après avoir déjà mordu un adversaire lorsqu'il était à l'Ajax Amsterdam, il avait récidivé une première fois sous le maillot des Reds, contre Chelsea. Et cet écorché vif avait donc ajouté une nouvelle ligne à son «casier judiciaire» en juin, au Mondial, en plantant une nouvelle fois ses dents dans un adversaire, devant les caméras du monde entier. Luis Suarez est ressorti du tribunal peu après 13h30, toujours sans desserrer les dents. Avant de s'engouffrer dans un van noir et de quitter les lieux, le joueur a cependant pris le temps de signer quelques autographes sur des ballons tendus par des enfants. L'attaquant de la Celeste avait déjà fait appel de sa sanction devant la Fifa, avec la Fédération urugayenne. Mais, sans surprise, l'instance dirigeante du football mondial avait rejeté ces recours. Soutiens de Blatter et Adidas «Nous savions que la décision de la Fifa ne serait pas très favorable», avait alors déclaré l'avocat du joueur, Me Alejandro Balbi, annonçant le 11 juillet ce recours devant le TAS. Un recours auquel s'est encore joint la Fédération uruguayenne, mais aussi le FC Barcelone cette fois. Suarez va-t-il «revenir au firmament du football» avec le Barça, «l'un des plus grands clubs du monde», comme l'a souhaité Joseph Blatter ? Le TAS en tout cas pourrait accélérer ce retour. Après quatre saisons passées à Liverpool, dont une dernière année de feu, avec 31 buts en 33 rencontres, Suarez, 27 ans, a signé pour cinq ans avec le club catalan en juillet. Le Barça n'a visiblement pas craint de souffrir de la mauvaise réputation de sa nouvelle recrue. Même position chez l'équipementier Adidas, qui a annoncé rapidement qu'il allait «continuer à travailler» avec l'attaquant uruguayen. Suarez «est un des meilleurs attaquants au monde», et «ce n'est pas pour rien que le FC Barcelone l'a recruté», avait déclaré le PDG du groupe, Herbert Hainer. «Mais nous discuterons avec lui et ses agents de ce que nous attendons de lui, sur le terrain et en dehors», avait-il insisté.