La fièvre aphteuse, cette maladie éruptive, épidémique et contagieuse, due à un virus, qui atteint, nous disent les spécialistes, surtout les bovidés, inquiète tout le monde en Algérie : bouchers et consommateurs, pour des raisons, paradoxalement, opposées. Le boucher a peur pour son gagne-pain devant le risque, vrai ou faux, de voir le consommateur accroître encore plus la distance qui le sépare déjà de la viande rouge, à cause du prix auquel s'ajouterait cette fois la psychose de la contamination. Quant au consommateur, disons l'Algérien en général, c'est la perspective de voir le prix du mouton flamber à l'approche de l'Aïd El-Adha, qui le tourmente. Fièvre aphteuse ou pas, il n'est pas question pour le consommateur de rompre avec l'habitude d'acheter le mouton, l'installer s'il le faut dans son petit appartement, sur le balcon, le faire défiler dans le quartier pour amuser les enfants et faire pâlir de jalousie les voisins, avant de le sacrifier le jour de l'Aïd et de s'empiffrer de viande rouge. Ce n'est pas une fièvre aphteuse qui va décourager cette catégorie d'Algériens qui se préoccupent donc, seulement, de savoir si cette épidémie aura un impact à la hausse sur le prix du mouton. Mais personne n'ignore, sur ce point aussi, que quel que soit le niveau élevé du prix, le mouton trouvera preneur au grand bénéfice des porteurs de «chkaras». Aïd El-Adha, c'est encore loin, pour l'heure, l'alarme est dans le camp des bouchers qui, aux dires d'observateurs de ce marché, ont constaté une régression dans les achats de viande rouge. Les vétérinaires ont pourtant expliqué et tenté de convaincre, vainement, semble-t-il, qu'il n'y avait aucun risque à consommer de la viande rouge. Les responsables concernés tiennent des propos rassurants quant à la possibilité de maîtriser cette maladie et à l'efficacité des mesures préventives, prises après coup pour éviter la propagation de l'épidémie. En toutes choses, les mesures préventives sont à prendre avant la catastrophe, qu'il s'agisse du séisme comme celui du 1er août, d'une inondation ou de cette fièvre aphteuse qui est entrée dans le troupeau sans frapper à la porte.