Vainqueur dimanche du Masters 1000 de Toronto, le meilleur joueur français s'ouvre de nouvelles ambitions... Personne ne l'avait vu venir. Dans une saison 2014 jusqu'ici plutôt morose, Jo-Wilfried Tsonga a réalisé l'un des plus beaux exploits de sa carrière en remportant, dimanche, le Masters 1000 de Toronto face à Roger Federer (7-5, 7-6). Une victoire qui lui permet de revenir dans le top 10 mondial après plusieurs mois de doute marqués notamment par ses éliminations sans gloire en huitième de finale à Roland-Garros et Wimbledon. «Jusqu'à présent, il n'avait pas bien marché cette année. Mais cette victoire à Toronto est très significative. Il a battu Federer en finale sans trembler. C'est sans doute le meilleur tournoi qu'il ait fait dans sa carrière», avance Patrice Dominguez, ex-DTN du tennis français et consultant sur RMC. Et c'est vrai que son tableau de marche a de quoi donner le vertige. Pour remporter le deuxième Masters 1000 de sa carrière (après Bercy en 2008), le Français y a mis la manière. Un physique retrouvé tombeur successif de Djokovic (n°1 mondial), Murray, Dimitrov et Federer, Tsonga a battu ce qui se fait de mieux actuellement sur la planète tennis (excepté Nadal forfait sur blessure). Une performance épatante que le joueur doit avant tout à un physique retrouvé. «Il fallait qu'il perde du poids et il l'a fait. Pour lui, le rapport poids-vitesse est très important. S'il est trop lourd, il perd considérablement en efficacité dans le jeu de fond de court. Son travail avec Xavier Moreau, son préparateur physique, lui a servi. Moreau est quelqu'un qui sait assécher les joueurs. Cet acquis physique est essentiel pour Jo», poursuit Dominguez. Reste maintenant à savoir si ce renouveau va durer. Enfin le déclic ? Habitué aux saisons en dents de scie, Tsonga, qui n'a joué qu'une finale de grand chelem dans sa carrière (perdue contre Djokovic à l'Open d'Australie 2008) peut vite retomber dans ses travers. Mais, fort d'une confiance retrouvée et d'un staff mis en place en octobre 2013 (le duo d'entraîneurs Escudé-Ascione et Xavier Moreau), le Manceau estime que cette semaine canadienne va agir comme un déclic. «ça va générer de nouvelles motivations de ma part, car l'an dernier, je perdais toujours contre ces gars-là. Désormais j'ai de nouvelles ambitions, et c'est bon pour ma carrière», a-t-il déclaré à l'issue de sa victoire. L'US Open en ligne de mire Ne reste plus qu'à confirmer. Dès cette semaine, le Masters 1000 de Cincinnati en dira plus sur la confiance accumulée par le meilleur joueur français qui peut aussi commencer à lorgner sur l'US Open qui débutera à New York à la fin du mois d'août. «Il est vraiment sur la bonne voie. Tout va bien, il est bien entouré. Reste à bien gérer les quinze jours qui précèdent ce tournoi du grand chelem. Il ne doit pas s'épuiser pour arriver frais. Mais le capital confiance est là et c'est le plus important», lâche Patrice Hagelauer, ancien DTN du tennis français. «Il y aura forcément un coup de moins bien à un moment parce que cette victoire arrive de façon un peu surprenante. Mais Jo est un joueur expérimenté qui sait très bien qu'il ne faut pas se relâcher. Aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'il sera favori à l'US Open mais ce qui est sûr, c'est que c'est un joueur qui fait peur aux meilleurs. C'est désormais l'outsider numéro 1 derrière Djokovic, Murray, Federer et Nadal», conclut Dominguez. Une cour des grands à laquelle Tsonga rêve désormais de se joindre.