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Ebola fait son premier mort en Europe
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 08 - 2014

Le missionnaire espagnol atteint du virus Ebola et rapatrié jeudi à Madrid est décédé hier, a annoncé l'hôpital où il était soigné.
Le prêtre catholique Miguel Pajares, âgé de 75 ans, «est mort à 9h28» (7h28 GMT), a affirmé une porte-parole de l'hôpital La Paz-Carlos III. Le missionnaire, qui était le premier malade atteint du virus hémorragique à être rapatrié en Europe, avait contracté le virus au Liberia où il travaillait dans l'hôpital Saint-Joseph de Monrovia dépendant de l'ordre religieux de Saint-Jean de Dieu (OHSJD). Il s'agit du quatrième membre du personnel de cet hôpital, fermé le 1er août par les autorités libériennes, qui décède en 10 jours après avoir contracté le virus. Le missionnaire avait été rapatrié dans un avion militaire médicalisé, dans une capsule de plastique spéciale, en compagnie d'une religieuse pour laquelle les examens médicaux n'ont pour l'heure pas révélé la présence du virus. «Je pense que la mort de Miguel Parajes, celle de la sœur Chantal, du frère George et de tous ceux qui tombent ne sera pas vaine», a affirmé à la radio Cadena Ser la cousine de Miguel Pajares, Begona Martin, porte-parole de la famille du prêtre. L'ordre religieux a remercié, dans un communiqué, «toutes les marques de soutien reçues par les administrations publiques, de la société en général, et particulièrement le professionnalisme du personnel de l'hôpital qui s'est occupé de lui», ajoutant qu'il ne ferait pas d'autres déclarations publiques. «Un relâchement» La veille, l'OHSJD avait reconnu un «relâchement» dans les mesures de sécurité observées dans l'hôpital avant la mort du directeur du centre Patrick Nshamdze. «On redoute que, comme les tests sur Patrick (Patrick Nshamdze, ndlr) ont été négatifs, beaucoup se soient relâchés. Ils n'ont certainement pas continué à prendre les mêmes mesures de sécurité stricte, comme ne pas le toucher, etc., parce qu'ils s'occupaient de lui», a affirmé la responsable de la communication de Juan Ciudad, Adriana Castro. «Il est probable que le père Pajares ait également été infecté comme ça et l'ait propagé ensuite à ceux qui étaient dans l'hôpital», a-t-elle ajouté. «Jusqu'à ce qu'ils sachent qu'ils étaient positifs (au virus), ils n'ont pas pris de précautions», a-t-elle poursuivi. Selon des lettres publiées par le journal El Mundo dimanche, le prêtre Miguel Pajares a écrit le 9 juillet à des proches : «Nous avons eu le premier cas de mort due à Ebola dans notre hôpital.» Et le 14 juillet, soit 15 jours avant la mort du directeur de l'hôpital : «Vous allez croire que je mens, mais il nous manque le plus élémentaire pour la prévention : des gants, des vêtements hermétiques, des masques, du désinfectant, etc.» «Le loup, c'est Ebola» Pour Begona Martin, «ça s'est passé comme dans le conte du loup» en Espagne. «Le loup est venu alors que personne n'y croyait et il a mangé tout le monde. Le loup, dans ce cas, c'est Ebola et ils se sont retrouvés désemparés.» Pour sa part, interrogé sur les mesures sanitaires, un porte-parole en Espagne de l'organisation Médecins sans frontières, qui gère en partie l'hôpital Elwa de Monrovia où sont traités les cas d'Ebola, a affirmé lundi que «depuis le début de l'épidémie, des mesures de protection strictes ont été prises». «Il n'y a eu aucun personnel de MSF infecté» par le virus Ebola, a-t-il ajouté. Ebola : comment fonctionne le sérum expérimental ? L'OMS vient d'approuver l'usage du traitement non homologué contre le virus Ebola au Libéria. Quels sont les effets du sérum ? L'OMS vient de trancher sur les questions d'éthique concernant l'usage d'un sérum expérimental, ce mardi 12 août, en approuvant l'emploi de traitements non homologués. Alors que la barre des 1 000 morts a été franchie en Sierra Leone, en Guinée et au Liberia, foyers de l'épidémie, ce dernier pays va recevoir des Etats-Unis des échantillons d'un sérum expérimental administré avec succès sur les deux soignants américains infectés par la fièvre Ebola sur son sol. Comment le sérum contre le virus Ebola agit-il ? Le médicament est un anticorps dit «ZMapp» qui est développé par un laboratoire privé en Californie. Il s'agit d'un traitement – et non d'un vaccin – qui réplique des anticorps fabriqués naturellement par des souris infectées. Le sérum n'avait jamais été testé sur des humains mais seulement sur des singes. Les anticorps neutralisent le virus Ebola : ils se fixent sur sa paroi pour qu'il évite d'infecter les cellules du corps humains. Un sérum expérimental peut-il être généralisé ? Il n'existe pour l'instant aucun traitement ou vaccin spécifique contre la fièvre hémorragique due au virus Ebola, qui se transmet par contact direct avec le sang et des liquides biologiques de personnes ou d'animaux infectés. Un médicament expérimental ne peut être exporté ou mis sur le marché sans avoir été préalablement homologué par les autorités sanitaires. Il doit être expérimenté sur plusieurs patients, traités dans des conditions différentes, avec un groupe bénéficiant de placebo et un autre recevant le traitement. Ces phases d'expérimentation sont réalisées sur un temps long au cours duquel les effets cliniques sont vérifiés de nombreuses fois. Mais devant les ravages de l'épidémie d'Ebola, le comité d'experts de l'OMS estime qu'il est «éthique d'offrir des traitements non homologués dont l'efficacité n'est pas encore connue ainsi que les effets secondaires, comme traitement potentiel ou à titre préventif». Toutes les populations atteintes auront-elles accès au virus ? L'administration du sérum concerne dans un premier temps les personnels de santé, le médicament ne pouvant être à ce stade fabriqué en grande quantité. La société pharmaceutique américaine, qui a élaboré le ZMapp, dit avoir expédié gratuitement toutes les doses disponibles en Afrique de l'Ouest sans préciser les pays destinataires. Les critères et les conditions dans lesquels le traitement doit être administré sont encore à définir. Existe-t-il des effets secondaires ? Le traitement est expérimental, c'est-à-dire non testé et approuvé chez l'être humain. Des effets secondaires néfastes sont donc possibles bien qu'ils n'aient pas été détectés chez les deux soignants américains. Le virus Ebola étant peu connu n'a pas suffisamment mobilisé les industriels pharmaceutiques.

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