L'Autorité palestinienne sera dotée de sa propre monnaie et d'une Banque centrale dès que les écueils entravant ces projets seront levés, a souligné dimanche à Alger Jihad El Wazir, le gouverneur de l'Autorité monétaire palestinienne. Lors d'une conférence organisée par la Banque d'Algérie sur l'expérience de son pays dans le développement des centrales des risques, M. El Wazir a souligné que les principales contraintes pour atteindre ces objectifs est la poursuite de la colonisation israélienne ainsi que l'absence d'un Etat palestinien. Pour l'instant, les monnaies utilisées dans les Territoires palestiniens sont le dollar américain, le dinar jordanien et le shekel, dira le conférencier devant de nombreux cadres de banques algériennes et du gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksasci. Malgré le blocus sur Ghaza et l'occupation israélienne, 8,5 milliards de dollars ont été transférés vers la bande de Ghaza depuis 2007, a-t-il indiqué. M. El Wazir a aussi transmis ses remerciements au gouvernement algérien pour avoir aidé le gouvernement palestinien par l'octroi de plusieurs millions de dollars renforçant ainsi les capacités du Trésor public en ajoutant que ces sommes ont transité par des banques. L'autorité monétaire a continué à remplir ses fonctions en surveillant le système bancaire et en veillant aux droits des consommateurs à travers la centrale des risques, a encore annoncé ce responsable. Il a souligné que le taux d'impayés des entreprises palestiniennes a été de 23% avant 2006 mais que grâce à des réformes engagées depuis cette date, ce taux est descendu à 2,9%. Evoquant, par ailleurs, la situation du secteur bancaire en Palestine, le conférencier a fait savoir que le capital des banques a aussi été porté légalement de 20 millions de dollars à 50 millions de dollars même si certaines banques ont pu atteindre un capital de 150 millions de dollars pour résister à toutes sortes de chocs. Les banques palestiniennes sont aussi soumises à des «stress tests» ou tests de résistance, suite auxquels trois d'entre elles ont été liquidées selon des formules légales. Les 17 banques palestinienne, jordanienne, égyptienne et européenne cumulent des dépôts de 11 milliards de dollars. Mais devant le peu d'opportunités d'affaires en Palestine, quelques banques ont investi à l'étranger 65% de leurs avoirs alors que la reconstruction peine à démarrer à cause des difficultés d'importation du ciment, a indiqué M. El Wazir. Néanmoins, la capacité d'emprunt interne a évolué de 28% à plus de 50% pour financer l'artisanat et les PME. L'Autorité monétaire doit aussi garantir les transferts des travailleurs palestiniens à l'étranger et l'ouverture des guichets des banques même pendant les quelques heures de trêve afin de permettre aux ménages palestiniens de retirer de l'argent et effectuer leurs achats vitaux. Le conférencier a indiqué également que les banques sont contraintes de convoyer l'argent dans des ambulances afin d'éviter les vols, les bombardements et les tirs de missiles. Pour preuve de l'efficacité du système de gestion du secteur monétaire, il souligne que même les distributeurs automatiques de billets sont approvisionnés et que des générateurs électriques fonctionnent lors des nombreux cas des coupures de courant à Ghaza et en Cisjordanie.