Non, bien entendu. Ils revient à tous de la combattre et de dénoncer ceux qui l'entretiennent. Mais nous n'avons pas aussi besoin d'en faire un magasin de souvenirs pour le plaisir de le faire sans réagir dés maintenant. Les mauvais cas d'exemple continuent de faire peur, à fragiliser l'optimisme. A faire fuir ceux qui veulent se mouiller dans le développement de ce sport civilisation, et autorisent la violence à accomplir sa mission sur nos stades. Le football est pris au piège. Il n'avance pas, il patine. Les gestionnaires ont une part de responsabilité. Ils devront au plus vite, examiner à la loupe, les moyens à mettre en oeuvre pour que nos stades ne deviennent pas de véritables arènes. Cela suffit ! s'exclama un membre du staff de l'USM Alger. Oui, notre football est désormais pris au piège. Les actes de violence s'accélèrent, les sanctions fuient et les promesses d'isoler ce virus s'effritent. A défaut d'informations justes, la rumeur se balade. On évoque avec insistance, le départ avant terme de l'entraîneur belge et de quelques joueurs de la JS Kabylie qui refuseraient de revenir sur le terrain. Le président de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou qui a dans son collimateur, non seulement la JSK, mais le football algérien aurait, lui aussi, trouvé une sale occasion pour revenir à charge et exiger le plus rapidement possible les conclusions de l'enquête. L'Algérie qui s'apprête à organiser la prochaine CAN, elle risque de lui filer entre les doigts. Tout est emballé et ficelé. «Il faut réparer tout ça», nous disait un joueur, mais réparer quoi ?», lui rétorqua son collègue. «Sous d'autres cieux, après coup, on aurait assisté à un enchaînement de démissions et montré du doigt accusateur le responsable... Il n'y aura pas de démission, on essayera de tout réparer avec une diplomatie que nous connaissons... Il n'y aurait pas de départ de joueurs de la JSK, ils sauront les convaincre.» La FAF, quant à elle, elle a décidé de «suspendre l'ensemble des matchs des championnats des ligues professionnel et amateur toutes catégories confondues, programmés sur l'ensemble du territoire national pour le week-end du 29 et 30 et qui seront différés à une date ultérieure, ceci en signe d'hommage au joueur Albert Ebossé, et en protestation aux agissements irresponsables de certains énergumènes et hooligans qui entretiennent la violence dans les stades et qui ont atteint des proportions inacceptables». Le président de la Ligue est, quant à lui, abasourdi par cet acte criminel, «je suis consterné et abattu par ce drame. On pouvait tout imaginer, tout, sauf que l'irréparable soit commis sur un terrain de football», a-t-il indiqué, avant de poursuivre : «C'est une première dans notre football, j'espère que les coupables vont être arrêtés». La Ligue considère que c'est un crime qui a été commis sur un terrain de football. «Jeter une pierre sur des joueurs, car ce sont tous les joueurs qui ont été visés et pas uniquement Ebossé, mais elle est tombée sur lui, est une chose inacceptable. Nous, qui sommes arabes et musulmans et qui sommes censés bien accueillir les invités, avons donné une mauvaise image», a jouté Kerbadj tout en espérant que cette violence «s'arrête, car les joueurs ne peuvent pas continuer à jouer au football en ayant peur que quelque chose leur arrive» et d'ajouter avec force «quand on voit des dirigeants qui, alors qu'on est uniquement en deuxième journée du championnat, commencent à crier sur les toits qu'ils jouent les premiers rôles, quand je vois les responsables de clubs qui annoncent que, pour tel match, un tel montant de prime sera réservé pour gagner, c'est inacceptable». Un médecin, les larmes aux yeux, disait que toute l'équipe s'est mobilisée pour le sauver, elle avait tout fait, mobilisé l'équipement nécessaire, mais le coup était fort. Ce samedi, ne sera pas un samedi exceptionnel, et il est loin de l'être. Ce samedi n'est qu'une révélation qui tue la conscience. Une révélation qui indique que nos stades sont aussi menacés, que tout peut arriver si de nouvelles dispositions ne sont pas prises dés demain, pour protéger nos joueurs et les supporters sportifs qui condamnent cette violence. Tout remonte ou remontera à la surface. Des pierres dont le calibre n'est plus à démontrer faisaient partie du décors du stade du 1er-Novembre de Tizi-Ouzou en pleine rénovation. Pourquoi donc cette rencontre a-t-elle été maintenue sur ce stade en chantier ? La rue désarmée s'interroge. Souvent, sans connaître le pourquoi de sa question. Celles déjà posées, voilà bien des années, sont restées de béton. «Il y aura, certes une enquête sérieuse, on n'en doute pas, mais celles menées par les commissions de la FAF, du ministère de l'ex-Jeunesse et des sport, de la ligue n'ont pas encore fait connaître leurs conclusions. Que sont-elles devenues, tout comme celle du 5-Juillet ou deux jeunes supporters de l'USMA avaient trouvé la mort ? Les promesses des instances de football en l'occurrence- taper fort se sont vite effritées laissant ainsi la voie à ce fléau de poursuivre son chemin sans être intimidé comme si la violence a aussi le droit d'exister.» Le joueur camerounais de la JSK n'est plus. Tué par une bête immonde, il quitte l'Algérie pour son pays natal où il reposera en paix laissant derrière lui non seulement une famille et une fillette qui venait tout juste de naître, mais aussi, une très belle emprunte sur le sol algérien, celle d'un sportif qui ressemble à tant d'autres, à ceux qui veulent faire du spectacle et réunir les amoureux de ce sport-roi autour de sa balle. Contrairement à ce que beaucoup pensent, par manque de culture, de curiosité, de respect des autres, ces territoires délimités par une bande de voyous ne sont pas les «reliques du passé», ni des «confettis de l'histoire coloniale». On y voit, au contraire en grandeur nature, toutes les questions de demain, liées à une meilleure gestion de nos stades qui passerait par le respect des valeurs olympiques. Il ne faut pas chercher la réponse. Elle se fera au grand jour le moment voulu, mais certainement pas à genou parce que tous les supporters algériens ne sont pas des hooligans.