On n'a rien fait pour sauvegarder les centres de détention coloniaux à l'image de la ferme Cortez et de celui de la ferme Germain. On a laissé faire depuis 1962, date de l'indépendance de l'Algérie et tous les présidents des APC qui se sont succédé n'ont jamais levé le petit doigt pour préserver ces lieux de l'histoire. Aucun plan de protection des principaux centres de torture de l'armée coloniale situés dans la daïra de Bordj Menaiel n'a été établi par les hautes instances en dépit d'un recensement détaillé de l'ensemble des lieux d'internement coloniaux. Ce dénombrement de ces lieux historiques a été effectué par les services de la direction des moudjahidine, avec le concours du bureau de l'ONM de la wilaya de Boumerdès. Comment voulez-vous que les nouvelles générations accordent de l'importance à ces lieux de mémoire, aux événements tragiques qui se sont déroulés à l'intérieur, à l'horreur vécue. Plus grave, les autorités et les médias n'en évoquent même pas les faits historiques. Néanmoins et en dépit de cette situation d'oubli qui prévaut à la daïra de Bordj Menaïel, rien n'empêche les citoyens, qu'ils soient vieux ou jeunes, d'exprimer leur fierté quant aux martyrs de notre révolution». «C'est grâce à ces martyrs que l'Algérie s'est libérée du colonialisme», souligne un Ménaïli, tout en citant quelques noms des torturés dans la ferme de Cortez de la localité de Bordj-Menaïel à l'instar de Badis Ahmed, Naili Amar, Djouab Ali, Naili Mohamed, Djouab Ramdane,Takdjerad Boualem, Amrani Ahcène, Amrous Essaid, Cherifi Ali, Benmansour Boualem, Benmansour Mustapha, Bourahla Laïd etc., à vrai dire les personnages sont si nombreux pour pouvoir les évoquer tous. «Personnellement, quand j'y pense à Cortez et Germain, cela me donne la chair de poule. Lorsque je passe à côté de ces fermes, j'éprouve des sensations dures à oublier», nous confie un ancien détenu. Il faut restituer à la société algérienne une partie de sa mémoire collective, pour prémunir les générations futures des risques d'amnésie par rapport à cette période tragique de notre histoire et d'éviter, surtout la banalisation des crimes de guerre perpetrés par l'occupant français pendant la révolution armée. Comment aujourd'hui expliquer la construction de bidonvilles à l'intérieur de ces fermes coloniales qui étaient des centres de détention coloniaux ? Des démarches doivent être entreprises auprès de nombreux organismes et structures pour le transfert au profit du patrimoine foncier à la direction des Moudjahidine ou aux collectivités locales. Ces terres sur lesquelles ont été érigés ces bidonvilles doivent passer ensuite à la phase d'étude des sites devant faire l'objet de restauration. Nous savons que pas moins de 57 centres de détention et de torture ont été recensés à travers la zone II de la wilaya IV historique (Médéa), parmi lesquels figurent les tristement célébres centres de détention d'Aïn Erriche, dans la localité de Berrouaghia, Camorra à Ksar El-Boukhari, El Djebassa et Koudiat El-Hamra à Tablat spécialisés dans les exécutions sommaires......ainsi que Zmalla et Bir Hamou, qui ont vu défiler des milliers d'Algériens, hommes et femmes accusés de soutien et de sympathie avec l'armée de libération nationale. Les association des enfants de moudjahidine, et des enfants de chahid, la kasma FLN de Bordj Menaïel doivent se manifester pour un tel événement qui n'est qu'un devoir de mémoire.