A Minsk s'est déroulée une réunion du «groupe de contact» censée mettre fin à la guerre. En font partie : l'ambassadeur de Russie en Ukraine, un délégué de l'OSCE (Otan sous couverture européenne), l'ancien président ukrainien Léonid Koutchma (qui n'est mandaté par personne, surtout pas par la junte de Kiev), un représentant de la RPD (Andreï Pourguine, vice-Premier ministre) et un de la RPL (Alexeï Kariakine, président du Parlement). Ces magouilles ne sont pas nouvelles. Seuls les participants du Donbass sont nouveaux. L'objectif est de neutraliser le mouvement séparatiste, de le remettre sur des rails «fédéralistes» (statut spécial dans une Ukraine unie). Avec l'aide de quelques pantins, Poutine fait comme si rien ne s'était passé au cours des six derniers mois. C'est une insulte aux innombrables victimes de cette guerre. Pendant ce temps, Porochenko, pour montrer ce qu'il pense de ce «dialogue», demande aux Etats-Unis de placer les deux Républiques dissidentes sur la liste des organisations terroristes. C'est le «groupe d'information» de l'Otan qui lui a «conseillé» de le faire. Si Poutine consacrait autant d'énergie à sauver le Donbass qu'il en met à le torpiller, tout irait bien. «Emergent statehood» (http://cassad-eng.livejournal.com/77880.html) ou «Naissance d'un Etat». Dans cet article, le colonel Cassad estime que si la tendance actuelle se poursuit, on pourrait aboutir pour la Nouvelle-Russie (et pas seulement pour le Donbass) à une solution de type Transnistrie. C'est-à-dire à une indépendance de fait, reconnue uniquement par la Russie mais plus ou moins tolérée par le reste du monde, à commencer par le reliquat ukrainien. La taille de la Nouvelle-Russie dépendrait des succès militaires de ses troupes : «Plus la guerre durera, et moins il restera d'Ukraine à la fin de la guerre... Des négociations sont inévitables, mais plus tard elles commenceront, mieux cela vaudra pour nous...». Dans cette affaire, les oligarques ukrainiens auront leur mot à dire. Malgré tout, on a un peu l'impression que l'auteur est en train de vendre la peau de l'ours, alors qu'il y a à peine dix jours, tout ne tenait qu'à un fil. Attendons d'abord de voir si les forces du Donbass seront en mesure de reconquérir leur propre territoire. Une chose est certaine, en tout cas : si les prévisions de Cassad se réalisent, ce ne sera pas grâce à Poutine mais malgré lui, voire contre lui... Cela dit, depuis quelque temps, un certain chaos règne autour des enclaves ukrainiennes dans la partie ouest de la zone libérée, avec tentatives de sortie en force des fascistes (y compris à pied), contre-attaques de la résistance, corridors «humanitaires» établis à la demande du Kremlin, etc. Les Ukrainiens refusent souvent d'abandonner leurs armes et leur matériel avant de se retirer, ce qui entraîne automatiquement une riposte des troupes du Donbass qui considèrent à juste titre qu'elles sont attaquées. (A suivre)