Les éleveurs ont élevé et engraissé près de sept millions de moutons en vue du sacrifice. En fin de compte, il n'y a eu que quatre millions cinq cent mille têtes de moutons sacrifiés pour le rituel de l'Aïd El-Adha. Malgré le recul, le chiffre reste très important aux yeux des statisticiens. D'ailleurs, le chiffre d'affaires donne le tournis. La bourse du mouton était en moyenne entre 30 000 et 48 000 DA chez les éleveurs et entre 45 000 et 65 000 DA chez les revendeurs. Le prix moyen du mouton, l'un dans l'autre, peut être fixé au plus bas prix des revendeurs, soit 45 000 DA par tête. A la fin, les sacrificateurs ont dépensé pour le rituel cette année la somme de 202 500 millions de dinars, on vous laisse le soin d'établir l'équivalence en dollars. Les moutons invendus ne sont pas une marchandise périssable. La grande partie reste en stock à solder chez les revendeurs et près de 500 000 têtes de broutards sont gardés par les éleveurs qui seront réinjectés dans le marché de la boucherie. Cette situation profite aux consommateurs qui ne payeront pas aux bouchers la majoration habituelle de l'après Aïd. Le kilogramme de viande gardera son prix actuel, c'est-à-dire à 1 200 DA dans tous les marchés, sauf dans les boucheries des quartiers huppés. Qu'est ce qui a fait que les citoyens boudent le rituel contrairement aux deux années précédentes ? Nous tenterons la réponse suivante et que nous jugeons la plus juste : les deux années précédentes, il y a eu cash-flow important chez les travailleurs en général et chez les fonctionnaires en particulier. D'où une capacité d'achat importante. Par ailleurs, ces mêmes salariés commencent à ressentir la cherté de la vie avec tous les prix qui flambent. Une troisième cause, avec l'espoir d'acquérir un logement dans le cadre de l'AADL, les citoyens calculent avant de dépenser. Allioui, l'éternel secrétaire général des paysans a joué un rôle à la fois inconscient et déterminant. Il faisait des annonces à tout bout de champ sur les prix qu'il estimait ne pas dépasser les 20 000 DA, en expliquant que l'offre est plus importante que la demande, ceci d'une part, de l'autre, il revendiquait l'importation de moutons soudanais. Il reprendra presque à la veille de l'Aïd que les moutons ne trouveront pas preneurs et que les prix chuteront. Il n'a eu raison que pour un seul constat qui est fait par tous les observateurs. Ces déclarations largement reprises par des titres à grand tirage ont eu une influence sur le comportement des acheteurs qui ont attendu le dernier jour sans pour autant pouvoir acheter le mouton à bas prix. La Chaîne III de la Radio nationale qui diffusait d'une manière régulière la bourse du mouton à partir des souks à bestiaux et La NR qui avait pris le relais ont eux aussi influencé sur les décisions des acheteurs. Parmi eux, certains se sont rendus aux souks à bestiaux des villes de l'intérieur et ont acquis des moutons du sacrifice à des prix beaucoup moins chers que ceux proposés sur les marchés informels de leurs quartiers. Ils ont témoigné et influencé les décisions d'achat de leurs voisins. Qui ont fait du tourisme commercial à leur tour. Cette mévente n'est pas particulier à l'Algérie, au Maroc, les Fassi se sont soulevés et ont saccagé le matériel roulant des revendeurs de mouton, une vidéo fait même le tour des réseaux sociaux. En Tunisie, même les plus nantis se sont abstenus d'acheter le mouton du sacrifice.