Lorsqu'il faut aborder des thèmes comportant des charges émotionnelles trop importantes et inévitables, tel par exemple celui du terrorisme dont on ne parle plus comme avant, alors qu'il existe encore et qu‘il fait des victimes, et qu'il continue à être considéré comme une menace sérieuse, serait-il possible qu'une telle analyse soit abordée sous l'angle d'une lecture impartiale ? Ou qu'elle soit considérée comme impartiale ? Un lecteur au-dessus de la belligérance ? Un auteur au-dessus de la belligérance ? Est-il possible que puisse exister cette situation «au-dessus de la belligérance» ? Pour aborder une analyse, pour que celle-ci ne soit pas frappée du soupçon de parti pris, comment se débarrasser d'une telle suspicion quand le risque existe toujours d'être considéré comme un sympathisant d'un clan ou tout simplement de servir de relais «à l'ennemi extérieur». Il est vrai qu'il est difficile de s'en tenir à une totale neutralité, plus particulièrement quand nous abordons des thèmes liés à l'avenir du pays, à la recherche de la paix, au rétablissement de l'ordre public, aux insécurités en général. Cheminer au milieu, en cherchant les équidistances comme certains affirment tenir la canne par le milieu ? Compromis ou compromission ? On s'égare entre ceux qui affirment que la paix est le résultat d'une victoire écrasante, la seule qui permet au vainqueur d'imposer ses conditions et ceux qui au contraire affirment que la paix est le résultat d'un dialogue, plutôt d'une négociation. On confond un peu entre la paix et le rétablissement de l'ordre public. C'est bien compréhensible quand la guerre oppose deux armées, soit deux Etats, mais lorsqu'il s'agit d'une guerre contre le terrorisme qui arrive encore à recruter des effectifs civils qui fournissent la logistique, il est difficile de trouver les éléments d'une telle victoire. C'est quoi une victoire dans ces conditions ? L'éradication ? Peut-il y avoir une éradication des terroristes sans l'éradication des idées subversives qui permettent au terrorisme de susciter des vocations au métier de terroriste ? Comment alors lutter contre la subversion quand par exemple à des hauts niveaux de la hiérarchie étatique, il est soutenu que le terrorisme est un phénomène étranger à notre société, faisant ainsi l'économie d'études sociologiques ? Plutôt que de privilégier la démarche de retrait de la couverture politique aux groupes armés, aurait-il fallu s'appuyer sur des études sociologiques pour investir dans la dénaturation de leurs motivations ?