La classe politique algérienne se découvre une nouvelle façon de faire ; se consulter pour se regrouper en front ! Finie l'époque où chaque parti politique va de son propre chef dans la pratique politique. Pour faire face au pouvoir en place ou pour se frayer un chemin vers le pouvoir, désormais, il faut agir en groupe. Depuis des mois maintenant, «le changement» est brandi par tous ; partis politique, partie de la coalition gouvernementale et même par le pouvoir lui-même. C'est ce qui a donné naissance au «tout-consultation» ! Tout le monde consulte tout le monde pour proposer une démarche qui mènera vers le changement. Les partis dits d'opposition, appuyés par des personnalités politiques se sont regroupés dans ce qui s'appelle la CNLTD. Le pouvoir se consulte entre ses partis d'appui comme le RND et autres acteurs politiques du régime. Le FFS lui aussi se lance dans les consultations, à sa façon, bien sûr ! En effet, ce parti a décidé de voler à la conquête d'un front pour dresser sa feuille de route qui conduira, selon ses initiateurs, vers le changement dans le pays. Sauf que là, le vieux parti de l'opposition qui a prôné une démarche dite «consensuelle» avance différemment ; il a consulté à la fois les opposants et les partis au pouvoir. Sauf que la rencontre avec l'ex-parti unique a irrité ses rivaux de la CNLTD. Chacun se déclare consultant et chacun défend sa démarche mais rejette toute initiative qui émane de son adversaire, même similaire : c'est la guerre des tranchées tranchée par les discours et les effets médiatique. Bien sûr, tout ce tralala a buté sur d'autres initiatives beaucoup plus spectaculaires, notamment celle qui a vu deux partis de fronts différents sur la même table des consultations. C'est le cas de cette rencontre entre le FFS et le MSP. Les délégations des deux partis, MSP et FFS, se sont réunies jeudi soir au siège d'Ennahda. Dans son communiqué rendu public, et concernant la «situation inquiétante» du pays sur les plans économique, politique, social et sur les plan régional et international, Abderrezak Mokri, qui a évoqué un rapprochement de points de vue, a estimé que «l'initiative proposée au mouvement n'a pas apporté du nouveau». Selon le document, la direction du mouvement a assuré à la délégation du FFS qu'elle «est attachée à un acquis qui est l'unité de l'opposition et la poursuite de son combat au sein de ses instances constituées de façon collective et consensuelle», en référence à la CNLTD. Pour le MSP, l'opposition a «atteint un haut niveau dans sa prédisposition à servir le pays à travers la plateforme sur laquelle elle s'est mise d'accord lors de la conférence de Mazafran». La direction du mouvement a aussi assuré au FFS que le problème ne se pose pas au niveau de l'opposition et que ses efforts doivent être orientés vers le pouvoir dans le sens où il s'agit de la partie qui refuse un véritable consensus et qui refuse de réagir positivement aux initiatives de l'opposition. Bref, les partis politiques tous azimuts demeurent scotchés dans ce qui est «appelé», consultations. Il est à se demander où va vraiment mener ce qui est devenu une «mode». Le peuple, lui, le concerné, n'a été consulté par personne jusque là. A qui reviendra le dernier mot ?