Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio algérienne dont il était l'invité de la rédaction, Ahmed Belabbès, directeur général du groupe Sider, partenaire du groupe ArcelorMittal, a évoqué la situation du complexe sidérurgique d'El-Hadjar (Annaba), dont le haut fourneau, qui était à l'arrêt depuis juin dernier, suite à des problèmes de fonctionnement qu'il a rencontrés, va connaître, a-t-il annoncé, un redémarrage. Il a commencé à se stabiliser et à produire de la fonte et dans une semaine, il sera possible de produire de l'acier à partir duquel seront fabriqués d'autres produits finis, a ajouté le DG de Sider. Il précise que les difficultés étaient liées à l'état de vétusté avancé de l'équipement et que l'opération de révision, réfection et modernisation complète de cet outil est prévue pour octobre 2015 et en attendant «on essaie de faire fonctionner le haut fourneau au mieux possible», a-t-il dit. Il rappelle que pour l'ensemble du complexe, depuis 2008 avec la crise, il n'était pas possible de mobiliser les finances pour s'occuper d'entretien, en fait, souligne-t-il, il n'y a pas eu d'investissements. La production d'acier prévue pour 1 million de tonnes a chuté à 600 000 en 2012, puis a carrément dégringolé en 2013 et 2014 pour se situer à 300 000 tonnes aujourd'hui au moment où la demande nationale a explosé pour atteindre pour les seuls ronds à béton et fils pour machines, environ 4 millions de tonnes, ce qui signifie qu'El-Hadjar ne fournit le marché national qu'à moins de 10%. Le programme vise une production de 2,2 millions de tonnes, investissement d'1milliard de dollars dont 720 millions de dollars investissement pur. Ces 720 millions sont répartis en 120 millions apportés par Sider et Arcelor et 620 millions accordés par crédits à conditions avantageuses par les banques. A propos des investissements du repreneur de l'usine, qui était ArcelorMittal, le DG de Sider signale que ceux-ci n'ont été réalisés que durant les premières années du partenariat, mais depuis 2008, souligne-t-il, ceux-ci se sont taris en dehors de quelques investissements destinés à assurer le fonctionnement des équipements. Il annonce, ensuite, que le programme public de développement et de modernisation de 1,5 milliard de dollars retenu pour El-Hadjar prévoit de faire passer la capacité de production de celui-ci à 2,2 millions de tonnes/an en liaison avec le programme d'industrialisation du pays. En 2017, le complexe d'El-Hadjar, grâce à sa renationalisation, devrait produire 1 million de tonnes de «produits plats» et 1,2 million de tonnes de produits «ronds». Il fait observer que les capacités de ce dernier devraient être renforcées par la mise en service du complexe sidérurgique de Bellara, dans la wilaya de Jijel, dont le lancement des machines, prévu en 2017, permettra de couler 4 millions de tonnes d'acier, dans une première phase, 2 millions de tonnes rond à béton et fil machine, produits longs, puis 2 autres millions de tonnes. M. Belabbès indique encore que le plan de développement de la sidérurgie en Algérie englobe également celui de l'exploitation des importants sites miniers d'Ouenza et de Boukhadra en particulier, «afin, poursuit-il, que leur production puisse se faire en conformité avec les besoins d'extension des capacités d'El-Hadjar». Il a reconnu que le site d'El-hadjar vit une situation difficile pour diverses raisons. L'intervention de l'Etat a permis d'envisager de régler les problèmes des installations et de la gouvernance, d'engager un plan réaliste de mise à niveau de la ressource humaine et de s'appuyer sur le dialogue avec le partenaire social dans l'intérêt de tous. Un pacte de stabilité sociale a été accepté par tous y compris les actionnaires dans l'objectif d'avoir une trêve pour travailler dans la sérénité et la confiance dans l'intérêt de tous. Il note que depuis la prise de contrôle par l'Etat, la situation s'est améliorée. Il fait remarquer que le programme d'investissements n'est pas suffisant, il faut agir, dit-il, sur la gouvernance pour revoir l'organisation et mettre en œuvre le programme d'investissements prévus en 2015-2016-2017. Maintenant, fait-il observer, l'Etat a la majorité dans le conseil d'administration. Le 1er acte a été d'instaurer une procédure des achats conforme au code des marchés publics, puis la création de trois comités : investissement, audit, aspects financiers et risques juridiques et autres et ressources humaines. Ces comités comprennent deux représentants des travailleurs y compris dans les commissions chargées des approvisionnements.