Walter Mazzarri n'aura donc pas résisté. Pas résisté à cette neuvième place en série A, à ces matchs nuls décevants, à cette raclée reçue contre Cagliari. Les buts à répétition de Mauro Icardi lui avaient offert un sursis. Mais finalement, le nouveau président de l'Inter, Erick Thohir, a fini par couper la première tête de sa (jeune) carrière. Ciao Walter. Le premier licenciement de sa carrière. En effet, que ce soit à la Reggina, à la Sampdoria ou au Napoli, Mazzarri était toujours parti lorsqu'il l'avait décidé. Lorsqu'il avait considéré que son cycle était terminé. Cette fois-ci, non. On a décidé à sa place. Il faut dire que c'était dans l'air. L'an dernier, le coach était parvenu à amener l'équipe à la cinquième place. Cette année, avec les quelques renforts offerts par la présidence (Vidich, M'Vila, Osvaldo, Dodô, Medel), on attendait évidemment l'Inter plus haut. Peut-être pas pour le Scudetto, mais juste en dessous. Au final, après 11 journées, les Nerazzurri n'ont obtenu que 16 points, soit six de moins que l'an dernier à la même époque. Or, le bon Walter s'efforçait à dire que sa deuxième saison dans un club était toujours meilleure que la première. Thohir l'a pris au pied de la lettre. Pas d'amélioration, pas de confirmation. Point. Les exploits d'abord, le flop ensuite C'est donc un échec. Un vrai. Le premier de sa carrière. Partout où il était passé avant, Walter avait réussi quelque chose, à l'échelle du club où il était. A Livourne, d'abord, il était parvenu à faire monter le club en série A en un an. A la Reggina, lors de la saison 2006-07, il claque son plus beau coup : il réussit à maintenir le club parmi l'élite malgré une pénalisation initiale de 15 points (ensuite réduite à 11). Puis il file à la Sampdoria, où il atteint une finale de Coupe d'Italie, perdue aux tirs au but contre la Lazio. À Naples, c'est la consécration. Il remporte une Coupe d'Italie, et qualifie à deux reprises le club pour la Ligue des champions, ce qui n'était pas arrivé depuis 20 ans. Au cours de toutes ces expériences, il s'impose surtout comme un vrai meneur d'hommes. C'est lui qui galvanise ses troupes, qui les pousse à lutter jusqu'à la 95e minute, à tel point qu'à un certain moment, lors de sa période napolitaine, son équipe a tendance à souvent marquer des buts dans le temps additionnel. Le Mazzari Time. Adepte du 3-5-2, avec des ailiers qui viennent souvent soutenir les attaquants, il devient l'un des entraîneurs les plus convoités de Serie A. Désiré par la Roma, il choisit finalement l'Inter, où il entend bien franchir encore un palier. Il arrive, comme bien souvent, dans une équipe en reconstruction. Mais après tout, c'est ça qu'il aime. Construire, bâtir, inventer, réinventer. Il a transformé Cavani à Naples, il espère bien faire la même chose avec les joueurs qu'il va trouver à l'Inter. Mais la mayonnaise a du mal à prendre. Sa première saison est typiquement la saison « mi-figue mi-raisin ». Ce n'est ni bon, ni mauvais. Ça gagne, sans jamais vraiment impressionner. Ça perd, sans jamais se faire vraiment humilier. Un derby gagné (1-0) à l'aller. Un derby perdu 1-0 au retour. Une vraie année moyenne, conclue à la cinquième position. L'objectif minimal est atteint : une qualification pour la Ligue Europa. Mazzarri est donc confirmé, même si les tifosi doutent qu'il puisse permettre à l'Inter de franchir un cap. L'exercice 2014/2015 commence plutôt bien, avec un beau (7-0) face à Sassuolo. Mais fin septembre, la méthode Walter semble atteindre ses limites. L'Inter encaisse un (4-1) à domicile face à Cagliari, puis se fait corriger (3-0) par la Fiorentina. Son poste vacille. Hernanes sauve sa tête la semaine suivante avec une égalisation à la 91e contre Naples. Sursis. Puis deux succès (1-0), obtenus à chaque fois grâce à un but d'Icardi sur penalty. Sursis encore. La défaite (2-0) face à la lanterne rouge, Parme, est le coup fatal. Thohir et son board réfléchissent, temporisent. Mais au fond, Mazzarri a bien compris. Ce vendredi 14 novembre, la nouvelle est officialisée. Fin de l'aventure. Après 19 victoires, 19 nuls et 11 défaites. Quatre saisons à l'Inter, six trophées C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Du coup, à peine Mazzarri débarqué que l'Inter annonce le nom de son successeur. Et c'est un nom bien connu des tifosi. Roberto Mancini. Quatre années passées sur le banc interista, de 2004 à 2008. A la clef : trois Scudetti (dont un sur tapis vert), deux Coupes d'Italie et une Supercoupe. C'est l'Inter d'Adriano puis d'Ibrahimovich, celle qui roule sur la série A pendant que la Juve croupit en Serie B, puis tente tant bien que mal de se reconstruire. Son seul défaut : ne jamais avoir réussi à remporter la Ligue des champions avec une telle armada. Chose que José Mourinho, son successeur, parviendra à faire deux ans seulement après son arrivée à Milan. Même si le Mancio a toujours soutenu que le Mou n'aurait jamais gagné cette C1 sans la solide base qu'il avait lui-même construite pendant quatre ans. Combat d'égos. Six ans après avoir quitté l'Italie, Mancini fait donc son retour. Entre-temps, le coach a eu le temps d'apprendre l'anglais, de remporter la Premier League avec le dénouement le plus fou de ces vingt dernières années (Agüero, 94e), de prendre quelques leçons de turc, et d'assister en tribunes à un bon nombre de matchs. Le dernier en date ? Le 26 octobre, il y a deux semaines, il était dans les gradins du stade Manuzzi de Cesena, pour assister au match entre Cesena... et l'Inter. Comme quoi, il n'était certainement pas là par hasard. Une question peut toutefois se poser : pourquoi reprendre Mancini ? Plusieurs réponses. D'une, parce qu'il n'y avait personne d'autre de libre immédiatement sur le marché. L'éternel Walter Zenga attendait encore un coup de fil qui n'est jamais arrivé. Il y avait bien Luciano Spalletti, au chômage depuis la fin de son aventure au Zénith. Ironie, d'ailleurs : Spalletti avait été le grand rival de Mancini au cours de ses quatre années à l'Inter. Lucky Luciano était alors sur le banc de la Roma, et tentait tant bien que mal, chaque saison, de venir disputer le titre aux Nerazzurri. En vain. Dans l'urgence, les dirigeants de l'Inter ont donc préféré choisir celui qui connaissait déjà la maison et les meubles, plutôt que de prendre un coach qui devrait à nouveau passer par une période d'adaptation. Même si, six ans après, Mancini ne retrouvera pas le moindre joueur qu'il a connu lors de son premier mandat. Et le nouveau coach ne va pas franchement avoir le droit à un temps d'adaptation. Ce week-end, c'est la trêve internationale, tant mieux, mais dès le week-end prochain, l'Inter devra affronter le Milan AC lors du derby de la Madonnina. La semaine suivante, c'est un choc face à la Roma qui attend l'ancien joueur et entraîneur de la Lazio. Des débuts en fanfare, donc, mais le bonhomme ne va pas se laisser impressionner pour autant. Après tout, il en a vu d'autres, des défis.