La grève estudiantine est devenue une « mode à l'université de Chlef». En effet, il ne passe pas une rentrée universitaire sans qu' un organisme estudiantin ou des étudiants libres manifestent leur colère à travers un mouvement de protestation. L' administration a toujours fait la sourde oreille notamment à l'époque de l'ancien recteur évincé quelques temps apràs la visite du Premier ministre dans la wilaya en novembre 2013. Ce sont les étudiants du département d'architecture qui ont eu la tête de ce responsable suite à une gréve qui a duré plus de trois mois. Par ailleurs, les revendications sont presque les mêmes dans tous les départements et les facultés. Si ce ne sont pas les PV de délibération qui sont contestés, c' est l' accès au master qui est revendiqué. Pour ces étudiants, l'accès au master est un droit absolu car , selon eux, sans master la licence LMD n'est pas trop valorisée notamment dans le secteur privé où les employeurs privilégient les diplômes du systéme classique. Cette année, c'est toute l'université qui est en colère. N' ayant pas d'autres alternatives pour faire entendre leurs protestations aux responsables de l' université et même le wali, les étudiants de l'université de Chlef observent depuis une semaine une grève illimitée. Ainsi , c'est toute l' université qui est paralysée par les étudiants qui ont fermé tous les accès. Personne ne peut y accéder, ni les étudiants ni les enseignants et même les administrateurs n' ont pas le droit d' entrer jusqu' à nouvel ordre. Les étudiants de l'université Hassiba-Ben Bouali ont procédé depuis lundi dernier, à la fermeture de l'entrée du pôle universitaire d'Ouled Farès. Ces étudiants de la faculté d'architecture et d'urbanisme dénoncent, selon leurs propos, l'attitude irresponsable et le laxisme des responsables de l'université, expliquant que ces derniers refusent d'ouvrir des postes de master supplémentaires dans leur spécialité. «Le nombre de postes proposé chaque année est restreint, seuls 30% de notre promotion pourra y accéder. Une licence en architecture ne vaut rien dans le marché de travail algérien. Nous réclamons un master pour tous», lance un étudiant gréviste à la cantonade. Pire encore, les étudiants contestent l'ouverture de spécialités n'ayant aucun rapport avec les études qu'ils ont poursuivies jusque-là, à l image des sciences de la terre. Il convient de noter que cette spécialité a été ouverte par l'ex-recteur pour des fins personnelles, et pour cause, il est chercheur au grade de professeur en géologie-paléontologie. Les spécialités ouvertes dans le master de l' architecture n'offrent pas un grand choix aux étudiants qui désirent se perfectionner dans des spécialités qui leur conviennent en fonction du profil de chacun d' entre eux. Selon un des représentants des étudiants contestataires, même l'unique spécialité manque cruellement d'encadreurs. Ainsi, les conditions pour les études ne sont pas toutes réunies. L' encadrement spécialisé et qualifié fait largement défaut. Au département d' architecture, on compte plus de professeurs vacataires et associés que des professeurs titulaires. La majorité des enseignants vacataires ne sont titulaires que des diplomes de master ou ingénieurs en architecture. Les magistrats ou doctorants se font rares. «La qualité des cours dispensés laissent à désirer. Si ce n'était pas les stages effectués au sein des bureaux d'études privés et les formations payantes qu'on suit dans les écoles privées, on serait perdus dans une spécialité artistique et technique qui préconise un encadrement de qualité. Nous réclamons le recrutement d' enseignants qualifiés dans le domaine, nous voulons aller plus loin dans cette spécialité que nous avons choisie parmi d autres. Si l'accès au master ne se fait que par des miracles et suite à des grèves, qu'en sera-il pour le doctorat ? Si on éprouve des difficultés pour accéder au master difficilement, le doctorat serait alors un rêve irréalisable», se plaint une future architecte. Nos interlocuteurs, inscrits dans différentes filières, exigent de l'administration l'ouverture du restaurant universitaire ainsi que le club des étudiants de la faculté sus-citée. Les mêmes étudiants nous font savoir que ni eux ni leurs camarades n'ont l'intention d'adhérer à une organisation estudiantine quelconque, estimant qu'il y a un manque de confiance flagrant dans ces mouvements estudiantins. Les étudiants protestataires rappellent que les réunions tenues avec le doyen de leur faculté ainsi qu'avec le recteur de l'université n'ont pas abouti à des résultats pouvant satisfaire les deux parties. Raison pour laquelle, souligne-t-il, «nous allons continuer à nous battre jusqu'au recouvrement de nos droits légitimes». Dimanche dernier, le tour est venu à la faculté de droit au centre-ville; celle-ci a été également fermée par les étudiants. «En raison du blocage et des portes fermées, nous n'avons malheureusement pas pu contacter les responsables de l'université pour recueillir leurs propos quant à ses grèves qui ́ se succèdent à chaque rentrée universitaire».