L'administration de Barack Obama est confrontée à une fronde de la part de ses alliés sunnites, pour qui la chute de Bachar al-Assad en Syrie demeure la priorité. En combattant l'Etat islamique (Daech), ces derniers ont de plus en plus l'impression de favoriser le rapprochement entre Washington et Téhéran. La colère d'Erdo... La Turquie a pris le leadership de la fronde des sunnites contre la stratégie de Washington dans la région. Théoricien du « retour » de la Turquie au Proche-Orient, le Premier ministre Ahmet Davutoglu est à la manœuvre. Malgré les réunions régulières entre Hakan Fidan (MIT) et John Brennan (CIA), les divergences entre Washington et Ankara sont chaque jour plus criantes. Elles sont apparues de manière flagrante le 22 novembre, lors de la rencontre entre Recep Tayyip Erdogan et Joe Biden sur les bords du Bosphore. Selon certaines sources bien infromées, Erdogan a plaidé pour la mise en place de zones tampons à la frontière turco-syrienne pour le ravitaillement de l'Armée syrienne libre (ASL). Erdogan a martelé de plus que Bachar al-Assad est un aimant pour tous les djihadistes. Mais Biden a maintenu la volonté américaine de frapper d'abord Daech. A la suite de la rencontre, Erdogan aurait laissé exploser sa colère contre les « demandes exorbitantes » de Washington, notamment concernant l'utilisation de la base de l'OTAN à Incirlik pour bombarder des positions djihadistes. Pour préserver son autonomie d'action, Ankara a donc décidé de mener ses propres programmes d'entraînement de troupes contre Daech, en parallèle du programme opéré avec la CIA Le cauchemar de Riyad L'Arabie Saoudite mène également sa propre stratégie, qui passe en particulier par la création de camps d'entraînement de rebelles syriens par le GID, en Jordanie en particulier. Lors de la réunion des représentants de la coalition anti-Daech le 3 décembre à Bruxelles, Saoud bin Fayçal al-Saoud, le ministre saoudien des Affaires étrangères, a posé, comme préalable à la résolution de la crise en Syrie et en Irak, le retrait des conseillers pasdarans iraniens du théâtre des opérations, ainsi que le départ de Bachar al-Assad. Cependant, Riyad a perdu son meilleur allié à Washington, le secrétaire à la défense Chuck Hagel, qui a démissionné le 24 novembre. La dynastie Al-Saoud doit en parallèle composer avec la grogne de ses propres militaires. En privé, l'état-major saoudien s'alarme du fait que les pilotes de chasse du royaume acceptent de plus en plus difficilement de bombarder les combattants sunnites de Daech en s'appuyant sur du renseignement militaire délivré par les pasdarans iraniens, via le ministère irakien de la défense. Désolidarisation De son côté, Abou Dhabi se désolidarise aussi, très discrètement, des Etats-Unis. Aussi inquiet que ses voisins de la politique régionale de Washington, cheikh Mohamed bin Zayed veut acquérir au plus vite son indépendance en matière de renseignement. Pour équiper ses deux avions d'interception, des Global Express de Bombardier en cours d'intégration chez Marshall Aerospace au Royaume-Uni, les Emirats ont refusé toutes les offres américaines en la matière, car ils ne supportent plus que les Etats-Unis dégradent volontairement les capacités des équipements qu'ils vendent aux pays de la région. Leur choix sur ce dossier s'est finalement porté sur l'entreprise italienne ELT.