Souvenons nous des impacts de la chute des cours du pétrole en 1986 : crise financière, crise économique, crise sociale (révolte de 1988) et crise politique, l'Etat ne pouvant plus distribuer des revenus sans contreparties productives pour calmer le front social avec un point culminant, cessation de paiement fin 1993 et rééchelonnement en 1994. 7.-La majorité des importations proviennent de la dépense publique via directement les administrations et entreprises publiques ou via des commandes aux opérateurs privés. Le constat alarmant, occasionnant des sorties de devises importantes est le nombre impressionnant d'équipements ou d'engins importés en panne (voir par exemple les hôpitaux) au niveau des administrations et entreprises. Il y a urgence de revoir ce mode de gestion en prévoyant des services de maintenance publics et privés qui peuvent, pour des raisons de rentabilité, être polyvalents intervenant dans plusieurs secteurs. 8.- Eviter que Sonatrach concentre ses investissements en s'autofinançant au détriment des autres secteurs de l'économie nationale accentuant la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Toute décision stratégique concernant l'énergie ne peut relever de Sonatrach ou seulement du ministère de l'Energie mais selon la loi en vigueur du Conseil national de l'énergie présidé par le président de la République. Comment Sonatrach peut-elle annoncer un investissement de 100 milliards de dollars sans avoir eu l'aval même du Conseil des ministres ? Comme proposé dans l'audit réalisé sous ma direction pour le compte du gouvernement assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d'études américain Ernest Young, dossier que j'avais défendu personnellement en 2008 à l'Assemblée populaire nationale -APN-, généraliser le GNV et le GPLc afin de réduire la facture d'importation des carburants. 9. - Ne pouvant continuer à subventionner sans ciblage (subventions et transferts sociaux représentant 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB) source d'injustice sociale, en attendant que le gouvernement mette en place un système d'information fiable, qui devient une urgence de l'heure, pilotant actuellement à vue, j'ai confié à un expert de haut niveau un travail où il proposera au gouvernement des actions concrètes pour réduire les subventions d'électricité et carburant qui constituent une grande part des subventions, mais qui ne toucheront pas aux catégories défavorisées et aux secteurs à valeur ajoutée que l'on veut impulser par des prix dégressifs en fonction de la consommation. Les subventions et transferts sociaux qui doivent être transitoires devront être budgétarisés au niveau du Parlement. Eviter de continuer à créer des emplois dans les secteurs administratifs qui ne peut que conduire à la bureaucratisation de la société et ne plus imposer aux entreprises publiques des sureffectifs inutiles qui nuisent à leur gestion autant que les prix administrés, appartenant à l'Etat à travers le filet social de supporter les subventions. 10.- L'économie d'énergie (efficacité énergétique) qui constitue le plus gros gisement permettant d'économiser 20% notamment pour le BTPH et le transport (étude réalisée sous ma direction pour généraliser le GNW et le GPLc en 2008 présentée devant l'APN ) que le ministère de l'Energie vient de découvrir (10 volumes MEM/Ernest Youg). On ne peut continuer à construire des millions de logements avec les anciennes méthodes de construction source de gaspillage du ciment et de l'électricité, le ministère de l'Habitat devant revoir sa politique. Ainsi, un débat national sur le modèle de consommation énergétique par l'optimalisation de l'efficacité énergétique permettant le prolongement des gisements conventionnels en encourageant l'énergie solaire, la construction de centrales électriques hybrides (gaz-solaire) destinés aux besoins du marché interne. 11.- Redynamiser la privatisation comme facteur de développement, démystifier le secteur privé national et international créateur de richesses assimilable pour les rentiers à prédateurs, le but étant de densifier le tissu productif y compris les services marchands qui sont créateurs de valeur et tisser avec tous les partenaires étrangers des co-partenariats gagnants/ gagnants misant essentiellement sur une balance positive pour l'Algérie tant en devises que réalisant surtout le transfert technologique et managérial. Impulser l'agriculture aux moyens techniques modernes en développant les unités de stockage comme facteur de régulation, corrélées avec la production saisonnière agricole afin d'éviter la spéculation sur les prix. Développer le tourisme notamment populaire et pour les étrangers, avoir une vison réaliste tenant compte des tensions géostratégiques au niveau du Sud 12.- Bien gérer nos ressources financières afin de rationaliser les dépenses, de lutter contre les surcoûts, et de ne programmer que les projets qui auront un impact durable sur la croissance future. L'étude de la Banque mondiale remise aux autorités algériennes en 2009 a montré clairement des surcoûts de projets pour non pilotage et non maturation allant jusqu'à 30% du coût initial loin des normes internationales. L'Etat peut continuer en fonction de ses moyens financiers à investir dans les logements et les infrastructures utiles, (une note du ministère de l'Intérieur devrait interdire ces chantiers où tous les APC font et refont des trottoirs chaque année ) mais devant également utiliser la technique du BOT, bon nombre de projets devant être réalisés par le marché (commercialité relations banques/ entreprises). 13.- Revoir la gestion des ports car il est scandaleux de voir des dizaines de bateaux en rade au niveau des ports d'Alger, d'Oran, d'Annaba où l'Algérie paye annuellement des surestaries se chiffrant en millions de dollars où de par le monde le docker n'est pas un fonctionnaire. Cela ne date pas d'aujourd'hui mais depuis plus 30 ans, puisque ayant eu à gérer ce dossier lorsque j'étais magistrat et directeur général des études économiques à la Cour des comptes au moment du programme anti-pénurie vers les années 1980. 14.-Urgence de la réforme du système financier afin qu'il soit un véritable partenaire économique aux entreprises, imaginer d'autres modes de financement comme le leasing, le crédit bail, lever la contrainte du foncier avec toutes ses utilités et les contraintes à la mise en œuvre d'affaires par une lutte sans merci contre la bureaucratie, et la corruption, étant entendu qu'il ne faille pas confondre acte de gestion avec ce mal dans la mesure où la majorité des cadres algériens sont honnêtes. 15.-Tout en se confirmant aux règles internationales, le marquage fiscal peut être utilisé temporairement au moyen d'un étiquetage indélébile et soumis à impôt indirect par le biais d'une «taxe intérieure de consommation» mais ne devant concerner que les produits tels que le tabac, les boissons, les produits nocifs à la santé et ceux de la contrebande. Pour les importateurs, une taxe par valise, quitte par la suite à faire une taxe progressive suivant le contenu et pour toutes les résidences construites un impôt forfaitaire pour 100 à 200 mètres carrés habitables et un impôt résidentiel pour celles de 200 mètres carrés habitables, ces impôts étant variables selon les quartiers. 16.-Délivrer des registres de commerce à partir d'une taxe forfaitaire annuelle pour l'ensemble des marchands ambulants, ce que l'on nomme improprement «trabendiste» alors qu'ils sont de véritables entrepreneurs (étude marché, coût de transport, cours des devises et écoulant leur produit). Car le paiement de l'impôt direct est le signe d'une plus grande citoyenneté, les impôts indirects étant une solution de facilité. A ce titre, tous les fellahs doivent payer un impôt forfaitaire en attendant l'instauration d'un fichier national pour leurs livraisons aux grossites qui prennent souvent la plus grande marge. 17.-Le crédit à la consommation ne doit toucher que les produits qui ont un taux d'intégration (matières premières notamment) de 40/50% ou une balance devises excédentaire. Cela peut concerner les nouvelles unités dont le taux d'intégration, varie entre 10/15%, dans le court terme, mais dont le résultat d'exploitation prévisionnel est positif, sous réserve d'un engagement écrit d'arriver au maximum au bout de quelques années à un taux d'intégration de 40% ou d'avoir une balance devises excédentaire pour les exportateurs. Car comme montré précédemment, le taux d'intégration tant des entreprises publiques que privées ne dépassant pas 15%, le poste rubrique matières premières a dépassé les 11 milliards de dollars en 2013. Où est donc la production nationale ? 18. -Limiter ces nombreux séminaires et rencontres qui coûtent une fortune sans impacts réels et capitaliser la forte épargne algérienne de la sphère informelle (50% de la masse monétaire en circulation) au moyen de mécanismes économiques transparents et faire appel à l'épargne de l'émigration en plus du savoir. Assouplir la règle des 49/51% uniquement pour les secteurs non stratégiques qu'il s'agit de définir avec précision, notamment les PMI-PME mais avec une minorité de blocage de 30% pour éviter les délocalisations sauvages, l'objectif stratégique étant une balance devises excédentaire, et le transfert technologique et managérial. Comme je l'ai proposé depuis 2010, il s'agit de ne plus inscrire cette règle dans un code d'investissement, mentalité bureaucratique qui croit qu'une simple loi peut résoudre les problèmes, l'Algérie étant un Etat souverain, toute décision pour les grands projets devant être prise en Conseil des ministres afin d'éviter des débats stériles. 19.- Dans le même esprit concernant la fiscalité, revoir les modalités de l'application de la taxe sur les superprofits contenues dans la loi des hydrocarbures de 2013 afin d'attirer les investisseurs étrangers car à un cours de 70/80 dollars, elle n'est plus attractive ainsi que de prévoir une ouverture maîtrisée au privé des petits gisements par l'assouplissement de la règle des 49/51%(le départ des Chinois d'Adrar doit être médité) et les canalisations dont le taux de profit est en moyenne inférieur à 20/25% par rapport à l'amont. 20.- La sortie de devises depuis 2011 du poste-services au niveau de la balance des paiements fluctue entre 11/12 milliards de dollars. Il s'agit, en étant réaliste, en partenariat avec les étrangers de favoriser la création des bureaux d'études d' engineering nationaux complexes pluridisciplinaires, sans lesquels il sera impossible à la fois d'avoir un développement interne durable et d'atteindre le taux de croissance souhaitable de 9/10% sur plusieurs années si l'on veut éviter des tensions sociales à terme. En résumé, les ajustements économiques et sociaux seront douloureux entre 2015/2020 et encore plus douloureux si l'on ne réalise pas une transition maîtrisée hors rente au-delà de 2020. Un discours de vérité loin de la démagogie des différents responsables s'impose : la méthode étant : persuasion et simplification. Le dialogue économique et social incluant les acteurs représentatifs de la société est fondamental afin de réaliser un minimum de consensus qui en saurait signifier unanimisme pour le redressement national et lutter contre les effets pervers de la crise, les responsables devant donner l'exemple. (Suite et fin)