En réaction à la crise sévère et inquiétante de la chute des prix de pétrole, le président de la République a réuni les principaux ministres ayant des liens directs avec l'économie du pays. Dans son allocution, le chef de l'Etat, qui a tenu tout d'abord à rassurer sur les capacités dont dispose le pays pour faire face à cette crise, n'a pas manqué de mettre les membres du gouvernements face à leurs responsabilités. Le président Abdelaziz Bouteflika a réuni autour de lui, mardi, les principaux responsables de l'Etat, civils et militaires, pour décider ensemble de ce qu'il faut faire devant la chute actuelle des prix du pétrole, principal source de revenus extérieurs de l'Algérie, et les «perspectives imprévisibles» sur les équilibres économiques, sociaux et sécuritaires du pays. S'exprimant au cours du conseil restreint consacré exclusivement à ce sujet, le chef de l'Etat, tout en se voulant rassurant sur les capacités dont dispose le pays pour continuer à fonctionner malgré cette crise «sévère» et «inquiétante», n'a pas manqué d'imprégner ses propos d'une gravité solennelle pour mieux rappeler chacun à ses responsabilités face à la situation. L'exercice est d'autant plus délicat que le président Bouteflika a signifié clairement, à cette occasion, l'inopportunité de toute idée de remise en question des principaux objectifs de développement déjà tracés, et qu'il veillerait personnellement à l'application des nécessaires mesures d'urgence et d'ajustement à mettre en place. Il en est ainsi du «suivi permanent» que le gouvernement est instruit de réaliser en vue des adaptations économiques et budgétaires nécessaires dans l'objectif suprême d'exclure, comme l'a ordonné le Président, toute remise en cause de la politique d'investissements publics en cours, surtout dans les secteurs auxquels les populations sont légitimement les plus sensibles. Pour le président Bouteflika, il n'est donc pas question d'abandonner le programme quinquennal d'investissements publics, même s'il faut adapter ses priorités et ses coûts, de même que «la justice sociale et la solidarité nationale demeureront au centre des options nationales fondamentales», selon ses propos. Le message présidentiel étant suffisamment clair et direct et pour se donner les moyens de sa politique, le gouvernement est appelé à un surcroît de vigilance et de méthode et doit, pour commencer, travailler désormais, a dit le Président, à la rationalisation de la dépense publique en opérant, s'il le faut, des coupes notamment dans le budget de fonctionnement de l'Etat. L'Exécutif est également instruit de faire en sorte que les entreprises algériennes de statut public ou privé s'investissent davantage dans la réalisation des grands projets publics (aux côtés des sociétés étrangères) en vue d'accélérer les cadences et de réduire les coûts. La crise pétrolière, qui a réduit de moitié en quelques mois la valeur du baril de brut, requiert aussi une rationalisation des importations de biens et de services et une lutte plus sévère contre les fuites organisées de capitaux en vue de préserver l'équilibre de la balance des paiements, a encore averti de président de la République. Grâce à un baril largement au-dessus des 100 dollars (contre moins de 60 dollars actuellement), des excédents commerciaux records et un endettement extérieur quasi nul, la balance des paiements extérieurs de l'Algérie enregistrait ces dernières années des excédents considérables et alimentait des réserves de change avoisinant les 200 milliards de dollars soit plusieurs années d'importations. Mais un bilan macro-économique aussi favorable ne doit pas faire oublier que la trop grande dépendance des hydrocarbures est un risque majeur que seule la diversification de l'économie nationale peut contenir: c'est l'autre message que le Président voulait rappeler au gouvernement à qui il a alors ordonné de lui rendre compte, dans les trois prochains mois, des mesures à prendre pour dynamiser les secteurs pouvant renfermer le plus d'effet d'entraînement sur le reste de l'appareil économique. L'industrie, la pétrochimie, l'agriculture, le tourisme, la finance, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, autant de secteurs clés cités par le chef de l'Etat, sont ainsi appelés à tenir le rôle de locomotive dans cette phase de préparation active à l'indispensable construction de l'économie de l'après-pétrole. Le gouvernement est enfin appelé par M. Bouteflika à un effort particulier de communication en direction du peuple, en cette période de «crise pétrolière», pour le «rassurer» et le «mobiliser», dans son intérêt et dans celui du pays tout entier.