Les panoramas de la wilaya de Batna et la vie quotidienne dans les campagnes des Aurès, réalisés en trois dimensions par l'artiste autodidacte Ahmed Khemari, sont le «clou» d'une exposition organisée à Batna dans le cadre de la célébration de Yennayer, le nouvel an berbère. Cet artiste, natif de la ville de Merouana, donne à admirer, à travers seize toiles, les activités des familles rurales aurésiennes et met en exergue, notamment, le savoir-faire de la femme chaouie dans le filage de la laine, le tissage des tapis ou encore la préparation des mets traditionnels. «Faire revivre la vie de tous les jours dans les Aurès, cette vie bucolique qui a bercé ma jeunesse, me passionne à tel point que j'éprouve l'envie irrésistible de la faire découvrir et partager à travers mes tableaux», confie cet artiste à l'APS. Khemari, enseignant de profession, tient à préciser que même s'il n'a «jamais mis les pieds dans une école de beaux-arts», la peinture l'a toujours «fasciné». Avec sa touche personnelle, l'artiste réunit dans ses toiles couleurs, paille et vieilles pages de journaux pour raconter les Aurès et la vie dans ses campagnes, perpétuant ainsi des scènes de vie saisissantes. Khemari, dont les œuvres sont une sorte de symbiose entre peinture et sculpture, semble beaucoup aimer utiliser les couleurs de la terre et les nuances du bleu. Une particularité, dit-il, qui est «venue tout particulièrement car elle (lui) rappelle (son) enfance insouciante dans les champs». Il précise utiliser cette technique de mixage de matériaux différents depuis 1985. Un procédé, soutient-il avec une fierté non dissimulée, «très apprécié par de nombreux artistes confirmés». Le peintre qui expose ses œuvres à l'occasion des festivités du nouvel an Amazigh, initiées par l'association Tamezgha Aurès Forum, a participé à 43 vernissages, en Algérie et à l'extérieur du pays. Il avoue «continuer à résister, très souvent, à l'envie de vendre (ses) toiles». La galerie où sont exposées les toiles de cet artiste quelque peu atypique connaît, en tous cas, une grande affluence du public. Les visiteurs les plus nostalgiques se remémorent, à travers les tableaux de Khemari, la vie dans les Aurès, autrefois, et se replongent dans les us et coutumes qui reflètent le mieux la dimension identitaire et la richesse culturelle de la région.