L'attentat perpétré à Paris dans les locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo par deux hommes cagoulés, entraînés et armés a fait au moins 12 morts dont deux policiers et 11 blessés le 7 janvier 2015, bilan le plus meurtrier d'un attentat depuis plus de 50 ans en France. Quelques heures après, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Paris et dans plusieurs villes de France pour marquer leur solidarité avec l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Plus de 10 000 personnes sont descendues dans les rues de Lyon (centre-est) et autant à Toulouse (sud-ouest). A Paris, plus de 5 000 personnes se sont rassemblées au cœur de la capitale, près du siège de Charlie Hebdo, journal symbole de la liberté d'expression, déjà menacé pour des caricatures de Mahomet. En Suisse, des rassemblements spontanés ont été organisés à Lausanne - où 500 personnes se sont regroupées - à Berne, Fribourg et Delémon. Le président de la République François Hollande décrète une journée de deuil national. «Notre meilleure arme, c'est notre unité. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous séparer», a déclaré le chef de l'Etat. Les drapeaux seront aussi mis en berne pendant trois jours, a-t-il précisé. Une vaste chasse à l'homme déclenchée par les forces spéciales La police a diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi les photos des deux suspects, de nationalité française, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans. Chérif Kouachi avait été condamné en 2008 pour avoir participé à une filière d'envoi de combattants en Irak. Les enquêteurs sont remontés à eux après avoir retrouvé la carte d'identité de Saïd dans une voiture abandonnée par les fuyards dans le nord-est de Paris. Des hélicoptères survolaient les alentours de Villers-Cotterêts. Plusieurs convois des forces de l'ordre ont été vus, roulant toutes sirènes hurlantes, sur la nationale 2 qui relie cette partie de l'Aisne à la capitale. De Crépy-en-Valois, situé dans l'Oise voisine, aux abords de Villers-Cotterêts, la zone de recherche fait quelques centaines de km2, ce qui rend ardue la tâche du GIGN et du RAID. Un combattant du groupe djihadiste Etat islamique (EI) s'est félicité de la fusillade. Il a déclaré à Reuters que cet attentat visait à venger les insultes lancées contre l'islam. «Les lions de l'islam ont vengé notre prophète», a déclaré le Syrien Abou Moussab. «Ce sont nos lions. Il s'agit des premières gouttes. D'autres suivront», a-t-il dit. Des réactions dans de nombreux pays Aux Etats-Unis le président Barack Obama a condamné cette fusillade terrifiante soulignant que «Nos pensées et nos prières vont vers les victimes de cette attaque terroriste et vers le peuple français en ce moment difficile», écrit le président américain dans un communiqué publié quelques heures après l'attentat. «La France, et la merveilleuse ville de Paris où cette attaque scandaleuse a eu lieu, sont pour le monde une référence intemporelle qui demeurera bien au-delà de la vision haineuse de ces tueurs», poursuit-il. «La France est le plus vieil allié de l'Amérique et a été aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre les terroristes qui menacent notre sécurité commune et le monde», ajoute le président américain. De hauts responsables de la Maison Blanche sont en contact avec leurs homologues français. Les Etats-Unis sont prêts à collaborer avec les Français pour les aider à mener l'enquête», a déclaré Josh Earnest, porte-parole du président américain Barack Obama, sur la chaîne MSNBC. Le secrétaire d'Etat John Kerry exprime la solidarité des Etats-Unis à l'égard de la France. Le chef de la diplomatie américaine, dont une partie de la famille est française et qui est un habitué de Paris, a exprimé «l'horreur, la colère et la condamnation de ce terrible acte de violence». «Nous sommes également solidaires de votre engagement dans la bataille, la lutte, contre l'extrémisme et de votre détermination à protéger la valeur qui fait si peur aux extrémistes et qui a toujours uni nos deux pays: la liberté», a poursuivi John Kerry. Le président russe, a dénoncé le terrorisme «sous toutes ses formes» selon son porte-parole, Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse Tass. «Nous sommes convaincus à Moscou que rien ne peut justifier des actes terroristes», a-t-il ajouté, cité par Tass. Le président russe «présente ses condoléances aux proches des victimes, ainsi qu'aux Parisiens et à tous les Français», a ajouté le porte-parole selon la même source. «Nous avons la conviction que la lutte contre le terrorisme est impossible sans coopération multilatérale», a encore déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, dont les relations avec ses homologues occidentaux sont au plus bas. L'Iran dénonce un acte étranger à l'islam L'Iran a dénoncé l'attentat contre Charlie hebdo estimant que «Tout acte terroriste contre des innocents est étranger à la pensée et aux enseignements de l'islam ...ces actes sont la continuité d'une vague de radicalisme et d'une violence physique et mentale sans précédent qui se sont répandues dans le monde ces dix dernières années», a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, citée par l'agence officielle Irna. La République islamique, alliée du régime syrien de Bachar al-Assad, accuse également certains pays arabes et occidentaux de soutenir financièrement et militairement l'opposition armée en Syrie, qu'elle considère dans son ensemble comme des terroristes Rappelant aussi l'affaire des caricatures de Mohammed (QSSSL) parues dans plusieurs journaux européens dont Charlie Hebdo en 2005-2006, qui avait provoqué des manifestations de colère à Téhéran où plusieurs ambassades des pays concernés avaient été attaquées. «Se servir de la liberté d'expression et des idées radicales et humilier les religions divines ainsi que leurs valeurs et leurs symboles est inacceptable», indique-t-on.