Après la baisse des cours pétroliers et des exportations des hydrocarbures ainsi qu'une hausse fulgurante des importations, les réserves de change de l'Algérie connaissent un fléchissement depuis 2014, après de successives et considérables hausses. Au commencement de l'année dernière, l'élan que prenait le niveau du matelas de devises fut freiné, lorsque le niveau des réserves s'approchait des 195 milliards (mds) de dollars à fin mars mais amorça, par la suite, une tendance baissière en s'établissant à 193,27 mds de dollars à fin juin, avant de descendre encore à 185,27 mds de dollars à fin septembre dernier. Auparavant, et particulièrement depuis 2006, les réserves de change montaient à hauteur, parfois, des 20 mds de dollars annuellement en passant de 77,8 mds de dollars en décembre 2006 à 110,2 mds à fin 2007, à 143,1 mds à fin 2008, à 147,2 mds à fin 2009, à 162,2 mds à fin 2010, à 182,2 mds à fin 2011, à 190,6 mds à fin 2012 et à 194 mds à fin 2013. Mais la hausse des importations et la forte chute des cours pétroliers ont fortement contribué dans l'amenuisement des flux alimentant les réserves de change du pays. Dans ce sillage, la situation actuelle de la balance des paiements traduit sa vulnérabilité au niveau élevé des importations de biens, même si une partie de ces importations est destinée à la production et à l'investissement. Après avoir fluctué entre 101,45 et 115,79 dollars au cours de l'année 2013, le baril de Brent a viré depuis l'été dernier en dégringolant jusqu'à moins des 53 dollars actuellement dans une conjoncture économique internationale morose. C'est face à ce constat que le Conseil restreint, présidé par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a chargé le gouvernement d'engager les mesures pour diversifier l'économie et préserver la balance des paiements du pays en veillant à la rationalisation des importations et au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, pour prévenir toute forme d'évasion de capitaux. Ayant pris part à ce Conseil restreint, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, s'est réuni jeudi avec les PDG des banques pour les appeler à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change. Il leur a aussi fait savoir que ses services allaient se focaliser, particulièrement, sur les activités et les opérations d'importation à risque. Cette mission ne sera pas dévolue uniquement à la Banque centrale mais aussi à d'autres départements ministériels. Ainsi, afin d'organiser l'activité d'importation et lutter contre l'évasion des capitaux, deux groupes de travail ont été mis en place récemment dont l'un a été installé au niveau du ministère du Commerce pour assurer une meilleure gestion du commerce extérieur. Quant au second groupe, qui est composé de représentants du ministère du Commerce et des deux administrations douanière et fiscale, il a pour mission de suivre d'une manière rigoureuse et permanente toutes les transactions qui concernent le commerce international afin de limiter l'évasion des capitaux vers l'étranger.