Comme chaque année, la Journée internationale de la femme est célébrée dans les quatre coins du monde. Dans son dernier rapport sur les droits de la femme, l'Organisation onusienne a qualifié d'échec collectif des hauts responsables dans le monde dans l'exécution des décisions visant à améliorer la situation des femmes et à l'obtention de leurs droits. En effet, les années passent et se ressemblent sans que les résultats attendus au sujet de l'égalité des sexes et les droits de la femme ne connaissent des avancées réelles. Les progrès réalisés en matière des droits des femmes au cours des 20 dernières années ont été d'une lenteur inadmissible et certains de leurs aspects sont même caractérisés par une stagnation, voire une régression. C'est la conclusion à laquelle parvient un rapport fouillé sur les progrès en matière d'égalité des sexes réalisé à l'échelle mondiale. L'enquête menée a tiré parti de contributions très valables apportées par les gouvernements et la société civile dans pas moins de 167 pays, un nombre jamais atteint auparavant. Préparé en vue de la tenue de la 59e Commission de la condition de la femme, il montre qu'en dépit de quelques progrès, les leaders mondiaux sont encore loin de faire ce qu'il faut pour respecter les engagements pris à travers la «Déclaration et Programme d'action» visionnaire de Beijing. Le rapport du secrétaire général le souligne de manière très claire : «L'écart décevant entre les normes et l'application du programme d'action de Beijing met en évidence l'échec collectif des leaders dans l'avancement de la cause des femmes», déclare Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, la secrétaire générale adjointe des Nations unies et directrice exécutive d'ONU-Femmes. «Les dirigeantes et dirigeants qui avaient été chargés de traduire dans les faits les promesses faites à Beijing ont laissé tomber les femmes et les filles». Au vu des conclusions du rapport, ONU-Femmes lance aujourd'hui une nouvelle initiative qu'elle a appelée «Pour un monde 50-50 en 2030 : Franchissons le pas pour l'égalité des sexes» et qui vise à galvaniser les engagements des gouvernements à prendre action, dans le cadre élargi de la campagne Beijing+20 d'ONU-Femmes. «Nous lançons aujourd'hui un appel aux gouvernements, où qu'ils soient dans le monde, pour soutenir l'initiative ‘Franchissons le pas», déclare Mme Mlambo-Ngcuka. «D'ici 2030 au plus tard, nous voulons vivre dans un monde où au moins la moitié des parlementaires, des étudiantes et étudiants d'université, des directrices et directeurs généraux, des leaders de la société civile et de tous les autres domaines sont des femmes. Le réel progrès demande que l'on vive dans un monde 50-50». En 1995, 189 pays ont entériné le Programme d'action, mais aujourd'hui, aucun pays n'est parvenu à assurer l'égalité des sexes. À la cadence actuelle, il faudra attendre 81 ans pour atteindre la parité des sexes dans la participation aux activités économiques, et environ 50 ans pour atteindre la parité sur le plan de la représentation parlementaire. Le rapport note que des progrès ont été accomplis sous certains rapports : ainsi, le nombre de pays s'étant défaits de leurs lois discriminatoires et ayant adopté une législation visant à mettre fin à la violence à l'encontre des femmes et des filles a augmenté. Par ailleurs, les filles sont sur le point de représenter la moitié du nombre total d'élèves fréquentant les établissements d'enseignement primaire. Aussi, la participation des femmes au marché du travail a augmenté, et la mortalité maternelle a diminué de 45% depuis 1990. Et pourtant, ces gains contrastent avec le fait qu'en dépit de l'éducation améliorée des femmes, elles continuent à occuper des emplois parmi les moins attrayants, alors même que les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes restent un phénomène universel. La violence à l'égard des femmes et des filles subsiste dans tous les pays, en prenant plusieurs formes horrifiantes. Les femmes sont loin d'être les égales des hommes dans les postes de direction d'institutions tant publiques que privées. Le sous-investissement chronique entrave la poursuite de l'égalité des sexes dans tous les domaines. Le rapport présente certains des principaux facteurs qui freinent le progrès, notamment les conflits, les crises économiques, les prix fluctuants de la nourriture et de l'énergie, les retombées du changement climatique, la montée des extrémismes et les réactions contre les droits des femmes. Aussi, les coutumes discriminatoires restent profondément ancrées. Les éléments clés d'un changement comprennent la transformation des normes et des stéréotypes, une évolution des structures économiques permettant de parvenir à l'égalité des sexes, notamment à travers l'offre d'emplois décents, la garantie d'une participation pleine et entière des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions, l'augmentation significative des investissements dans la promotion de l'égalité des sexes et l'accroissement de la responsabilité dans la défense des droits des femmes et des filles. L'année 2015 offre l'occasion historique d'accélérer les progrès en faveur de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. En effet, en septembre prochain, des femmes chefs et chefs d'Etat et de gouvernement venant de tous les coins du monde participeront à un sommet où elles et ils conviendront d'un plan de développement directeur qui sera appliqué pendant les 15 années à venir.