Reconstitution des péripéties qui ont marqué l'odyssée de Mushaf Uthmane, à partir des manuscrits qu'une vieille de Dellys a fait don au lendemain de l'indépendance à la bibliothèque nationale. Ce roman est d'un genre rare par son volume impressionnant, ses personnages atypiques cités comme acteurs de faits et évènements à dominantes religieuses. On peut le classer dans la catégorie des romans historiques, bien que par le décor arabo-islamique, il nous pousse à lui trouver une autre vocation, surtout avec son côté fictionnel. Sa lecture n'est pas de tout repos tant il y a de décalages dans le temps et de personnages importants qui ont joué des rôles importants, un fil de notre longue histoire. Depuis l'avènement de l'islam Il y a eu d'abord la révélation des 114 sourates, il y a eu aussi ce concours de circonstances qui a conduit à l'investigation d'un manuscrit en arabe de l'époque d'Ibn Khaldoun (1332-1406). Selon l'auteur, le sultan Abû el Hassan aurait été en possession de ces livres offerts par la vieille de Dellys et on atteste qu'un certain Al Tlimçani aurait vu le manuscrit qui pouvait être l'original sinon une reproduction sortie des mains d'un copiste. Et à partir des informations rapportées peut être par voie de presse, un journaliste appelé Tarik et travaillant au quotidien ou hebdomadaire « Le bled », s'est rendu à la bibliothèque nationale pour un travail d'investigation des manuscrits qui avaient déjà fait l'objet d'une traduction par Hamid Lacheraf, sur initiative du conservateur Benaïssa. Parmi ces manuscrits, Mushaf Uthmane a suscité un intérêt particulier auprès de Tarek. Parmi les travailleurs du sous sol de la bibiothèque, lieu de conservation des manuscrits, il y avait une ressortissante espagnole, Marta, venue de la bibliothèque de Barcelone pour la restauration des vieux livres ainsi que leur mise en forme de microfilm. Nous sommes au début de l'indépendance. Revenons en arrière pour dire que l'auteur ou les auteurs des manuscrits ont écrit en tant que parfaits lettrés en langue arabe et musulmane authentique. Ils racontent que les 114 sourates ont été transmises par Dieu et par l'ange Gabriel interposé, à notre prophète (QSSSL). Les paroles de Dieu ont été d'abord avant que le Coran n'ait connu une forme définitive, étaient écrits sur divers supports : feuilles de palmiers, morceaux de peaux de chameaux. Puis, grâce aux khalifs qui se sont succédés, il y a eu un travail ardu de récupération et de classements des sourates. Au fil du temps, le livre sacré a connu une expansion dans le temps et l'espace ; la carte de géographie jointe au livre indique bien les aires d'adoption de l'Islam, presque dans tous continents. Un continent hors du commun Le titre Mushaf à Cordoue montre que le manuscrit et celui qui l'a mis en forme en arabe est un indicateur de l'envergure et de la renommée acquises par les musulmans dans le monde. Ici et sous le titre « Mushaf Abderrahmane » ou «(Le livre à Cordoue) l'auteur recréé la vie des Andalous, dans la quotidienneté comme si l'auteur avait voulu donner une illusion du réel. Il raconte que devant la grande mosquée, de petits groupes d'hommes discutent ça et là, d'autres les marnches retroussées faisaient en silence leurs abbutions dans la fontaine centrale. L'odeur du jasmin et l'arôme de l'azahar s'entremêlaient pour embaumer l'air exquis de la ville de Cordoue. C'est djamaâ el kebir. Cette mosquée qui avait attiré l'attention de Walid et de Sancho, fait partie du décor merveilleux de l'ancienne Cordoue où les habitants parlaient l'arabe. Tout en cheminant, les deux promeneurs passent par la porte : Bab el Attarine, le regard de Walid embrassa l'étendue du sahn. Le vaste patio des orangers s'ouvrait à ses yeux. Après ce fantastique paysage de l'Andalousie reconstituée à l'identique par la magie du verbe, «Le Cordoue 14 », a attiré notre attention parce qu'il nous remet dans le contexte de la recherche à la bibliothèque où dans la salle des manuscrits, on essaie de déterminer la date de production des manuscrits au carbone 14, vieille pratique qui semble-t-il, a donné des résultats concluants. Là, avec spécialiste en paléographie, on parle des conditions dans lesquelles on a reconstitué le Coran transcrits sur des supports divers éparpillés à travers les pays de l'Orient. Tarik s'adresse à l'Espagnole « Marta » en lui disant : « Comme tu dois le savoir, les textes du Coran ont été révélés peint à petit verset par verset, durant vingt-trois années ». Et comme dans la réalité, on assiste à un dialogue intéressant entre Ibn Tugayl et Ibn Rochd pour se raconter des histoires fictives, parler des sentiments humains à l'ère de l'Andalousie. Belle technique que celle-ci qui consiste à rendre vivants de grands hommes pour les entendre parler d'un sujet de notre actualité. Quant au Mushaf Yaghmorassen, le livre à Tlemcen. On lit des pages de notre histoire, celle des Ziyanides au cours de laquelle a été construite Mansoura. On comprend aussi qu'à l'époque, il y avait des mouvements de personnes. Leila, fille du souverain Hafeida est venue accompagner son père, à Tlemcen. Elle avait été ramenée de Sicile à Carthage par des Corsaires. A mesure qu'on avance en lecture, on comprend que nous parcourons des siècles d'histoire du Maghreb. Là, c'est la période des Ziyanides « Au pays des Ziyanides ». On y rencontre Ibn El Arabi s'adressant à diverses personnes illustres, religieuses ou politiques. Et qu'il est beau l'itinéraire de Sidi Boumediene, pays de l'Afrique du nord avant de s'établir à Tlemcen et définitivement. « Le dernier des livres », peut-être qu'il est le premier et le dernier pour sa beauté. Il est enrichissant et il l'est beaucoup pour un lecteur qui a beaucoup appris sur l'histoire des dynasties musulmanes qui se sont succédées depuis la conquête de l'Andalousie.