L'œuvre cinématographique constitue un puissant moyen pour faire connaître la lutte de Libération nationale, ont déclaré, dimanche à Jijel, des cinéastes et universitaires à l'occasion d'une conférence consacrée à la place du «cinéma dans la Révolution algérienne». «Cinéma et histoire de la lutte de libération peuvent faire œuvre commune, pour faire connaître une page de la glorieuse guerre de libération soutenue haut et fort par le peuple dont il a été le génie», ont souligné les intervenants dans leurs communications présentées à la cité administrative de la wilaya. Cette initiative prise par la direction de wilaya de la Culture a permis de retracer les différentes étapes prises par le 7e art depuis le maquis à ce jour. Le directeur de la Culture, Mohamed Cherif Bouhali a rappelé que cette initiative s'inscrit dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la lutte armée de libération nationale et du programme d'action du ministère de la Culture. «C'est une opportunité pour ressusciter les mémoires», a-t-il dit devant un parterre réduit à une vingtaine de personnes. La projection du film historique «l'Algérie en flammes» du regretté René Vautier, réalisateur et scénariste français anticolonial, tourné dans les Aurès en 1957, a marqué le début de cette manifestation culturelle. L'historien du cinéma et universitaire, Mourad Ouznadji, auteur d'un ouvrage intitulé «La lutte de libération à travers le cinéma algérien» a, dans une intervention, retracé le parcours du 7e art algérien, né dans le maqué, jusqu'à ce jour, et évoqué la contribution d'intellectuels étrangers vis-à-vis de la juste cause nationale. La période faste du cinéma algérien se situe dans les années 1970, avec, entre autres une Palme d'or, décernée au le film «Chronique des années de braise» de Lakhdar Hamina, a-t-il souligné, avant de rappeler le déclin du cinéma enregistré durant les années 1990 coïncidant avec la «décennie noire». De son côté, Nabil Hadji, journaliste et critique de cinéma, a parlé de l'image des héros dans le cinéma algérien, évoquant, pêle-mêle, des noms inoubliables comme Cheikh Bouamama ou Ali La Pointe, pour ne citer que ceux-là. Le conférencier qui a estimé que le «film de guerre est plus qu'une tenue de combat militaire» que la majorité de la production cinématographique, depuis 1957, s'est beaucoup plus intéressée à la lutte armée de libération nationale. M. Hadji a révélé que 121 films ont été produits en Algérie en 1965 et 2014, dont le dernier consacré au héros de l'indépendance nationale Mostefa Ben Boulaid, réalisé par le cinéaste Ahmed Rachedi. Pour sa part, Ahcène Osmani qui «peaufine» son nouveau film «les Lions d'Algérie» a rendu hommage à René Vautier et souligné la nécessité de poursuivre l'écriture de l'histoire du pays par différents moyens (cinéma, écrits, à) tant que les acteurs qui ont vécu cette période glorieuse sont encore en vie. Abordé en marge de cette manifestation, M. Osmani rappelé que cette grande production cinématographique qui mobilisera 105 000 figurants est une fresque nationale concernant 7 wilayas historiques. Son budget est évalué à 160 milliards de centimes, a-t-il précisé dans un entretien à l'APS. «Les lions d'Algérie» se veut une rétrospective de l'Algérie, depuis le 8 mai 1945 au 5 juillet 1962, date du recouvrement de la souveraineté nationale, rappelle-t-on. Une exposition d'affaires de films algériens et d'ouvrages traitant du 7e art en Algérie a été également organisée au siège de la cité administrative de la wilaya par Mme. Khadra Boudhane, considérée à juste titre comme une mémoire vivante de la Cinémathèque algérienne.