Le Festival d'Oran du film arabe a élargi son audience artistique et culturelle par une imposante exposition sur le parcours du cinéma algérien. Le 7e art national a débuté au cours de la révolution de Novembre. Ce cinéma a joué un rôle important dans la campagne d'information sur la justesse de la lutte armée pour le recouvrement de la souveraineté algérienne. C'est pourquoi, le support cinématographique justifiant la noble cause de la lutte armée a commencé dès le début de l'année 1958, avec notamment les images foudroyantes du cinéaste français engagé. René Vautier est le cinéaste qui a signé le premier film sur la Révolution algérienne et qui lui a valu plusieurs condamnations en France. Il s'agit du film « L'Algérie en Flammes », réalisé dans les maquis de l'Armée de libération nationale (ALN) à l'Est du pays. Ce film a été réalisé grâce aux revenus d'un film réalisé en Tunisie au temps de l'occupation française et qui a valu à René Vautier, d'être expulsé de ce pays, avant d'y revenir pour participer à la lutte armée du peuple algérien. Avec René Vautier, d'autres cinéastes ont filmé le combat des moudjahidine, bravant la mort et la répression féroce des forces coloniales. C'est donc durant 5 ans, de 1958 à 1962, que le cinéma algérien a été le miroir de la résistance algérienne face au colonialisme. Ces cinq ans s'ajoutent aux 50 ans de réalisation dans l'art cinématographie algérien. L'exposition y retrace les grands moments de ce parcours prodigieux, animé par la foi et l'engagement du génie créatif des réalisateurs. Ce sera René Vautier qui, après l'Indépendance, formera le noyau des hommes du cinéma algérien. L'ensemble des réalisateurs activant après 1962 se réclamera de lui. Il a été le père fondateur de l'industrie cinématographique algérienne. L'exposition met en lumière l'âge d'or du cinéma algérien. Ce fut l'âge d'or du 7e art en Algérie avec la réalisation de longs métrages sur la Révolution d'abord puis pour le simple divertissement. Des affiches rappellent ce parcours. On notera des productions de films sur la Révolution comme « Zone interdite », « L'Opium et le bâton », « Le Vent du Sud »... Sur le plan divertissement, l'exposition relate la célèbre série de l'inspecteur Tahar avec son inséparable compagnon « l'Apprenti ». Les films algériens, qui ont reçu des distinctions, ont eu une mention spéciale dans cette exposition tels « Les Années de braise » de Mohamed Lakhdar Hamina, qui a été récompensé par l'illustre palme d'or de Cannes. Après la dissolution des entreprises nationales produisant les films qui ont marqué le cinéma après l'Indépendance, le 7e art national est devenu presque inexistant pendant plus d'une décennie. Les années 2000 ont vu sa renaissance. Les productions cinématographiques algériennes se sont particulièrement développées avec l'avènement de grandes périodes culturelles comme « L'année de l'Algérie en France », « Alger, capitale de la culture arabe » en 2007, la 2e édition du Panafricain en 2009 et « Tlemcen, capitale de la culture islamique » en 2011. Ces grandes manifestations culturelles ont inscrit, dans leur budget, le financement de productions cinématographiques. D'autre part, les années 2000 ont vu l'émergence du film amazigh ainsi que des réalisations de femmes cinéastes. L'exposition sur le cinéma se poursuit avec une autre manifestation portant sur la calligraphie. Dans ce cadre, sont exposées des œuvres mettant en valeur le finesse et la délicatesse de l'art de la calligraphie arabe. Cette exposition se prolonge par les fresques réalisées par Mahmoud Taleb, un plasticien natif d'Oran. C'est ainsi qu'est exposée dans le Centre des conventions d'Oran une immense fresque de cet artiste, représentant l'histoire de l'Algérie, de son lointain passé jusqu'à la période actuelle. Mahmoud Taleb réalise ses travaux d'art dans le bois. Dans cette matière, il expose également, toujours dans ce centre, des sculptures inspirées de l'art contemporain. Mahmoud Taleb peut s'enorgueillir de posséder une envergure internationale. Dans cette voie, il a réalisé pour l'Irak une immense fresque retraçant les périodes civilisationnelle de ce pays. Cette fresque lui a été commandée par l'ambassadeur d'Irak qui, connaissant ses talents, lui a demandé d'imaginer cette œuvre d'art pour le Congrès des pays arabes qui s'est tenu l'année dernière à Baghdad.