La capitale des Genêts a accueilli il y a quelques jours un hommage poignant à l'un des militants de la cause amazigh, le militant Rachid Alliche. La vie et l'œuvre de l'écrivain d'expression amazighe et producteur d'émissions radiophoniques à la Chaîne II, Rachid Alliche, ont été revisitées, mercredi dernier, à Tizi Ouzou, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri à l'occasion d'un hommage à l'initiative de la direction de la culture et de l'association culturelle Tizizwit de Beni Douala à celui qui fut l'un des monuments de la culture berbère. «De son vivant, Rachid ne se séparait jamais de son dictaphone qu'il utilisait au contact des personnes âgées du village natal et alentours. Tout ce qu'il collectait dans l'oralité le consignait dans des feuillets qu'il gardait soigneusement dans un coffret», se souvient, son frère Ahcène, présent à cet hommage marquant le 7e anniversaire de la disparition du défenseur de la culture et ciseleur de mots, rencontré dans le hall de la maison de la culture Mouloud-Mammeri. A son retour de France, au milieu des années 1980, Rachid eut des démêlés avec les services de police des frontières au port d'Alger pour ses activités liées à la revendication berbère, se rappelle encore son frère qui dit avoir réussi à tromper la vigilance de ces mêmes services en permettant à Rachid de rejoindre le domicile familial à Alger avant d'être interpellé puis libéré plus tard. Ahcene Alliche se souvient, en outre, des déboires d'un émigré en partance vers l'Algérie au port d'Alger, en possession de 5 exemplaires de son nouvel ouvrage «Faffa, France) qu'il venait d'éditer à Lyon qu'il devait me faire parvenir. Les services de la PAF, se rappelle-t-il, ont découvert les ouvrages enfouis sous le siège avant du véhicule de cet émigré qui venait de rentrer au pays, vite conduit dans les locaux de la police, principalement la chambre noire avant qu'un officier de sécurité, sur mon intervention, ne décide de le relâcher et de me restituer les exemplaires de l'ouvrage en question. Le frère de Rachid Alliche, a, par ailleurs, fait cas du projet d'édition d'un dictionnaire conçu par Rachid, par son fils Ferhat, étudiant à la Sorbonne en France, à qui, la famille vient de remettre le produit brut (l'ouvrage, ndlr). «Nous espérons que ce dictionnaire, sera enrichi et édité tout comme les anciens romans», a poursuivi Ahcene Alliche. «Certes, Rachid a laissé un grand vide, mais son œuvre demeure toujours là pour immortaliser cet homme de culture qui a écrit la première œuvre romanesque en kabyle. Il a bercé des générations d'enfants par des jeux et autres procédés didactiques en tamazight, grâce, notamment, à l'émission hebdomadaire que diffusait la Chaîne II», a pour sa part, rappelé un représentant de l'Association Tizizwit de Béni Douala. Rachid Alliche est né le 7 avril 1953 à Taguemount Azouz. II était titulaire d'un diplôme d'études supérieures de physique de l'université d'Alger, où il a suivi des cours en tamazight que dispensait Mouloud Mammeri, d'un Deug en lettres, obtenu à Lyon-II (France), université où il a également suivi des enseignements de linguistique africaine, de sémiologie et d'ethnologie. Auteur de trois romans «Asfel», «Faffa», publiés respectivement en 1981 et 1986, et «Amnir», récemment édité aux éditions Enag d'Alger, Rachid Alliche s'est éteint le 19 mars 2008 des suites d'une longue maladie. Il repose en sa terre natale, non loin d'un autre militant de l'amazighité et de la démocratie, Lounès Matoub, son cadet de quelques années, et du grand écrivain, Mouloud Feraoun, son aîné.