On a trop parlé du retrait de la couverture politique au terrorisme, mais qu'avions-nous fait pour y parvenir ? Le pouvoir avait plutôt travaillé à retirer la couverture politique aux démocrates de l'opposition plutôt qu'aux islamistes. Plutôt que de parler de retrait de la couverture politique, il aurait mieux valu s'engager dans la dénaturation des motivations. Pouvons-nous normalement avancer aujourd'hui que la politique interne mise en place depuis quelques années a amené les ennemis idéologiques à enlever dans leurs démarches les éléments de leur nocivité mutuelle ? N'est-ce pas que les intolérances ont vraiment existé et empoisonné le champ politique ? Posons-nous la question de savoir si vraiment dans la démarche officielle il y a des éléments qui peuvent réussir à nous faire maintenant évoluer dans un contexte national où la problématique de sécurité intérieure va cesser d'être liée aux clivages idéologiques internes et externes. L'Algérie œuvre maintenant à contribuer à pallier au retard apporté dans notre voisinage à la construction d'un consensus de politique internationale sur les grands thèmes intéressant la paix et la sécurité collective, à la création de soutien d'un environnement défavorable au développement de toutes les autres criminalités qui se structurent dont la plus structurante est la corruption, celle qui crée et aggrave les fractures morales, celles-ci devenant synonyme de résignation devant sa généralisation avec pour risque évident la dévalorisation de la citoyenneté et la mise des populations dans une situation de «non concernées» ? Depuis l'éveil des consciences mondiales à des menaces qui se jouent des frontières (rappelons que l'Algérie y est pour beaucoup) depuis le constat que tous les mouvements qui œuvrent par violation des lois nationales et internationales entrent dans des prestations mutuelles de service, il est l'évidence même que les Etats entrent eux également dans des prestations mutuelles de service et là encore l'Algérie y est pour beaucoup. Le destin d'un pays, de tout pays, n'est pas celui de la guerre permanente. Il est plutôt celui de la permanence des efforts de développement. Il n'est pas non plus celui de l'existence à perpétuité d'une menace extérieure. Il est plutôt celui de la coopération «gagnant-gagnant». Chaque pays aura à s'épargner les affres d'une nouvelle guerre dans le cas de sa participation à la mise en place d'une architecture de sécurité collective qui ne fait pas appel exclusivement à l'emploi des moyens de force... Si on parle du phénomène du terrorisme, celui-ci n'est pas exclusivement d'essence de politique interne. Tous les terroristes qui officient dans des pays musulmans invoquent des raisons internationales, des objectifs internationaux et ne portent pas de projets délimités par des frontières nationales.