«Notre révolte est née d'une blessure, d'une injustice et d'une espérance» Saïd Sadi, l'ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a exhorté, hier, la communauté estudiantine à «s'impliquer davantage dans la gestion de la cité et surtout le débat politique» pour faire entendre les besoins de la population. «Il est important que vous réussissiez à faire entendre les besoins de la population», a-t-il dit. Il s'exprimait au cours d'une conférence-débat, animée conjointement avec Me Ali Yahia Abdenour, à l'auditorium Hasnaoua I de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou sur le thème : «Avril 1980 : origine, histoire et avenir». La révolte d'avril 1980 est née d'une blessure, d'une injustice et d'une espérance, a rappelé Sadi, faisant observer que ce mouvement, en phase et en harmonie, a été caractérisé, dès le départ, d'humanisme, de solidarité et surtout de générosité chez les animateurs. «Notre revendication était légitime et surtout un droit», a-t-il dit, précisant que «lorsqu'on réussit à avoir ce genre de conduite, aucune censure, aucune dictature ne peuvent empêcher la racine de bourgeonner». Devant un auditoire composé essentiellement d'étudiants et étudiantes, mais aussi des cadres du RCD, Saïd Sadi a accusé le pouvoir central d'avoir «stérilisé la ressource du pays plus particulièrement de la région (Kabylie), bastion des luttes démocratiques», s'agissant de la question économique. «La dictature a décidé d'écraser la Kabylie, cette région qu'il faut, s'adressant aux étudiants, protéger de l'aventure pour pouvoir exiger sa place dans la matrice nationale», a-t-il dit, sous un tonnerre d'applaudissements. Lui succédant, l'infatigable défenseur des droits de l'Homme, Me Ali Yahia Abdenour, a, pour sa part, tenu à situer la question identitaire dans son contexte géographique, indiquant que «tamazight est, géographiquement, la tête et le cœur de l'Afrique». Revenant sur les événements d'avril 1980, communément appelés le Printemps amazigh, Me Ali Yahia Abdenour a rappelé que bien avant l'indépendance du pays, la question de tamazight était posée. Il cite la position des Oulémas qui reconnaissaient l'origine berbère des Algériens, arabisés par l'islam, suggérant (oulémas, ndlr) «l'intégration et l'assimilation» que la région de Kabylie a catégoriquement refusé. Me Ali Yahia Abdenour a mis en avant la nécessité d'aller vers le pluralisme culturel et linguistique qui existe, a-t-il fait observer, aux Etats-Unis, en Belgique, et autres Canada, à même d'asseoir une véritable démocratie avec à la clé un véritable développement économique.