Nous nous souviendrons de votre acte qui a ensemencé les graines de l'espérance dans la lutte démocratique », a lancé Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), hier, aux étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, en inaugurant un cycle de conférences-débat, organisé du 16 au 18 avril par la Coordination locale des étudiants (CLE) à l'occasion du 26e anniversaire du printemps berbère d'avril 1980. A ce sujet, un des étudiants organisateurs précise que « cette manifestation n'a pas été formellement autorisée par le rectorat. Pourtant, la CLE avait formulé, deux jours auparavant, une demande écrite pour sa tenue ». Face à une forte assistance estudiantine, le docteur Saïd Sadi note que « le combat d'avril 1980 vivra si l'on refuse que le message et la mémoire des luttes passées soient dénaturés ». Il rappellera que le RCD « est pour l'officialisation de la langue amazighe dans le cadre de l'Etat unitaire régionalisé », stigmatisant le pouvoir qui « en occultant les repères de la nation, entretenait la confusion entre la survie du régime et la révolution de Novembre. Il a été même jusqu'à assassiner Krim et Khider ». « Nous devons beaucoup à Mammeri qui avait osé parler, en 1968, de berbérité, et cette avancée culturelle conditionnait celle politique », dira l'orateur pour qui « aucun progrès social, économique ou de justice n'existerait sans essor culturel, et Mammeri l'a parfaitement compris ». « Avril 1980 n'est que la juste traduction de la plateforme de la Soummam et il fallait surtout revendiquer l'amazighité et les libertés démocratiques car, rappelez-vous, le congrès de la Soummam excluait l'avènement d'une théocratie ou d'une monarchie », dira M. Sadi, en rappelant que l'interdiction faite, il y a 26 ans, à Mouloud Mammeri de donner une conférence sur les « poèmes kabyles anciens » à l'université de Tizi Ouzou fut derrière le déclenchement du printemps berbère. En ce sens, M. Sadi trouve que « plus qu'un droit, c'est un devoir que d'instaurer et d'assumer un débat politique au sein de l'université. Etre intellectuel universitaire, c'est allier la hauteur éthique à celle scientifique. Aujourd'hui, il faut entretenir une relation fusionnelle entre l'élite et les revendications de la société, mais la lutte se doit d'être pacifique ». Etant l'un des principaux artisans du sursaut revendicatif de 1980, le conférencier souligne que « Mammeri nous a formés intellectuellement et tafsut imazighen constitue l'acte de naissance de l'Algérie démocratique ». Abordant la crise sanglante que vit le pays et son traitement en cours, le docteur Sadi trouve que « l'Algérie a atteint le terme d'un cycle historique et la libre parole conditionne une alternative calme et pacifique ». « Rien ne vaut l'établissement de la vérité et des responsabilités, et s'il ne faut pas entretenir la haine, il s'agit de lutter contre l'oubli, car le refoulement ne résout nullement le problème et la résurgence des ressentiments pourrait être terrible de conséquence », conclut l'orateur.