Le début de saison de Rafael Nadal n'est pas glorieux. Un seul titre (Buenos Aires) pour sa seule qualification en finale, l'Espagnol n'a pas remporté le Masters 1000 de Monte-Carlo pour la troisième année de suite, lui qui en compte 8 à son compteur. Pourtant, le nonuple vainqueur de Roland-Garros demeure le favori pour sa propre succession. Explications. Depuis 2005 et son éclosion sur le circuit ATP (11 titres dont 4 Masters Series et son premier Roland-Garros), Rafael Nadal a habitué les observateurs à terrasser ses adversaires, notamment sur terre battue. Sur les 14 titres du Grand Chelem que compte son palmarès, neuf proviennent de Roland-Garros. Sur ses 28 Masters 1000, 19 ont été conquis sur terre. En 2006 et 2010, il réalise le plein : Monte-Carlo, Rome, Madrid (Barcelone en 2006) et Roland-Garros s'enchaînent. En 2010, il ne connaît pas la défaite sur cette surface de toute la saison. Sur le chemin des Internationaux de France, il n'a pas toujours connu un fleuve aussi tranquille lors de la tournée européenne sur la terre ocre : défaite en quarts à Valence en 2005, en finale à Hambourg en 2007, au 2e tour à Rome en 2008, en finale à Madrid en 2009 (avant son élimination à Roland-Garros par Soderling), en finale à Madrid et Rome en 2011 (à chaque fois par Djokovic), en 8e de finale à Madrid en 2012, en finale à Monte-Carlo en 2013, en quarts de finale à Monte-Carlo et Barcelone ainsi qu'en finale à Rome en 2014. Hormis en cette année 2009, il n'a jamais connu le moindre revers à Paris, quelque soit son parcours. Et si ses résultats cette saison sont très moyens par rapport à ses habitudes (1er tour à Doha, 1/4 à l'Open d'Australie, demi-finale à Rio, quarts à Indian Wells, 3e tour à Miami, demi-finale à Monte-Carlo), le Majorquin possède plusieurs atouts majeurs à Roland-Garros. Presque imbattable en cinq sets Le premier, c'est le format en cinq manches. A ce jeu-là, il est l'un des seuls à tenir un rythme soutenu jusqu'au bout. L'an dernier, en finale à Paris, les 3h30 de jeu avaient eu raison de Novak Djokovic en quatre sets, comme lors de la finale 2012 (3h50 de jeu). Son lift use, sa défense fatigue tant physiquement que nerveusement. Dans toute sa carrière sur terre, au meilleur des cinq sets, il n'a perdu qu'un seul match (contre Soderling) pour 89 victoires. De nombreux joueurs lui ont pris un set à Paris (13 en 67 matches), beaucoup moins lui en ont pris deux et un seul l'a battu. Pour le renverser dans le deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison, il en faudra beaucoup plus que ces contre-performances de début d'année. Le deuxième, c'est la taille des courts. On ne parle pas des lignes du terrain, qui sont les mêmes partout, mais bien de la distance entre ces lignes et les bâches. Le court Philippe-Chatrier, où il a l'habitude de jouer la plupart de ces matches, est un court hors norme, avec des dégagements très importants. Beaucoup de joueurs sont perturbés lorsqu'ils jouent pour la première fois sur ce terrain. Dans son «jardin», Rafael Nadal, qui aime évoluer loin derrière sa ligne de fond de court, y trouve un avantage de plus pour son jeu, puisque cet espace lui permet d'avoir le temps de relancer des balles impossibles. Il a les jambes, le mental, et le terrain pour y parvenir. Avec lui, un point n'est jamais fini. Surtout sur le court central. Et cette grande superficie lui octroie en outre la place pour développer toute sa puissance, en coup droit comme en revers, et donner à sa balle encore plus de lift en se reculant pour la frapper à bonne hauteur, là où il est le plus à l'aise.